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Aides d’urgence pour les éleveurs landais

08/09/2025

346 vues

© Charline Doussang | Dpt 40

Lors du concours départemental d’élevage à Villeneuve-de-Marsan, le Département a annoncé le déploiement d’un soutien d’urgence en faveur des éleveurs d’herbivores touchés par les aléas climatiques.

Vingt-quatre ans après son dernier passage, le concours départemental de l’élevage était de retour à Villeneuve-de-Marsan. Pour cette 56ᵉ édition organisée par la chambre d’agriculture des Landes et la fédération départementale des comices, le village a célébré avec enthousiasme et convivialité l’élevage landais le long des allées remplies de bêtes soigneusement préparées. Près de 400 animaux et une soixantaine d’éleveurs étaient rassemblés autour des arènes. Bovins, chevaux lourds, poneys landais, chèvres, brebis ou ânes : toutes les filières étaient là, présentant un joli panorama des races emblématiques du territoire et le meilleur témoignage du savoir-faire landais. 

L’événement a aussi été l’occasion de révéler une bonne nouvelle pour la profession agricole : le président du Conseil départemental, Xavier Fortinon, a annoncé la mobilisation du fonds d’urgences climatiques et sanitaires pour déployer un dispositif d’aides à destination des éleveurs landais d’herbivores. Les soutiens octroyés seront plafonnés à 3 000 € par exploitation et pourraient représenter entre 400 000 et 600 000 € au niveau départemental. « Après un printemps trop humide et un été brûlant, les stocks de fourrage sont largement entamés. Beaucoup d’éleveurs n’ont pas pu reconstituer leurs réserves. Nous allons mettre en place un certain nombre d’aides pour les accompagner », a-t-il expliqué.

La journée « Élevages et terroirs landais » s'est tenue sur l'avenue des arènes à Villeneuve-de-Marsan © Charline Doussang | Dpt 40

Ce plan reconduit celui lancé en 2022 à la suite de l’été caniculaire et complète les mesures déjà prises pour les viticulteurs touchés par la grêle au printemps. « Le dispositif sera soumis au vote le 26 septembre et les premiers versements sont attendus d’ici décembre 2025 au plus tard », a précisé Dominique Degos, vice-présidente à l’Agriculture.

Cette réactivité repose sur une stratégie d’anticipation budgétaire. Face à la répétition des aléas climatiques et sanitaires, le Département a créé en 2025 un fonds d’urgences pour faire rapidement face à leurs conséquences sur les exploitations agricoles. « Cette capacité d’anticipation est notre force : elle nous assure de pouvoir réagir au moment où les éleveurs en ont besoin », a souligné Xavier Fortinon, rappelant l’importance de l’agriculture, pilier de l’économie landaise. Le président du Département a également saisi le préfet pour l’activation de la procédure des calamités agricoles.

Une aide pour passer le cap

Cette annonce fait suite à l’alerte lancée par les filières et leurs représentants. Dès juillet, les signaux étaient remontés du terrain. « Les prairies commençaient à brûler et certains éleveurs avaient déjà entamé leurs stocks de foin », relate Jérémy Lapeyre, 3e vice-président à la chambre d’agriculture des Landes. « Foins, maïs, prairies… la sécheresse estivale a entraîné une baisse de volume et de qualité du fourrage. Tout le monde est touché », confirme François Darbo, 1er vice-président à la chambre d’agriculture.

Floriane Bellettini et Véronique Planté élèvent des poneys landais, respectivement à Angresse et à Saubusse © Anne Tautou

À cela s’ajoutent les charges en augmentation et les problématiques sanitaires malgré une hausse récente des cours de la viande qui ne suffit pas à compenser. « Autrefois, chaque commune comptait plusieurs éleveurs. Aujourd’hui leur nombre est en baisse dans les Landes », regrette François Darbo. Pour lui comme pour Jérémy Lapeyre, cette aide arrive à point nommé. « Elle va permettre à bon nombre de tenir », insiste ce dernier. Mais il prévient : « pour stabiliser les exploitations, il faut de la rentabilité, un marché porteur et un contexte politique national stable ».

Des éleveurs reconnaissants mais inquiets

Sur le terrain, les éleveurs mesurent aussi l’importance de ce soutien. Paul Dussau, éleveur de Bazadaises à Pimbo, a monté un troupeau de bovins sur la propriété familiale en 2013. « Lancer un troupeau, c’est compliqué : le retour sur investissement est très long », confie-t-il. « Après les maladies, la sécheresse de l’été a abîmé les prairies. On a dû puiser dans nos réserves, les vaches ont moins produit et la reproduction a souffert. Cette aide va nous permettre de refaire du stock et de reconstituer un peu de trésorerie ».

Sa compagne, Juliette Tintané, installée depuis avril à Pimbo avec son propre élevage de brebis landaises, partage le même avis : « c’est une bonne nouvelle pour nous ». L’éleveuse compte aussi sur les aides à l’investissement du Département pour équiper sa bergerie : « impossible d’acheter du matériel sans ce coup de pouce. C’est difficile pour les jeunes de s’installer ».

Juliette Tintané et Paul Dussau avec Nirvana, leur Bazadaise médaille d'or en 2025 au Concours général agricole du Salon international de l'agriculture de Paris © Anne Tautou

À Labastide-d’Armagnac, Julien Pérès, éleveur d’ovins et président du syndicat ovins-caprins a aussi été frappé par la sécheresse : « cela fait deux mois que nous puisons dans nos réserves d’hiver. La trésorerie est au plus bas, déjà fragilisée par la crise sanitaire et les réglementations. Cette aide est indispensable pour passer le cap ». Mais il alerte : « avant, une sécheresse majeure arrivait tous les vingt ans. Aujourd’hui, c’est tous les trois ou quatre ans ».

Chez les éleveurs de poneys landais, la situation diffère selon les lieux. À Saubusse, Véronique Planté peut compter sur les barthes de l’Adour pour son fourrage. Mais à Angresse, Floriane Bellettini a dû acheter près de 1 000 € de foin cet été pour ses quinze poneys, contre 90 € habituellement. « Certaines poulinières n’ont pas pu aller aux pâturages, entre la sécheresse et l’état des barthes d’Angresse qui nécessitaient d’être remises en état », explique-t-elle, espérant pouvoir bénéficier du dispositif.

Malgré leurs inquiétudes, tous saluent la réactivité du Conseil départemental. « Dans les Landes, on a la chance d’avoir une collectivité à l’écoute qui soutient ses éleveurs. Ailleurs, ce n’est pas toujours le cas », souligne Paul Dussau. Pour Juliette Tintané, « qu’il s’agisse de l’urgence ou de l’investissement, ces aides sont la clef pour continuer à vivre de sa passion, sans baisser les bras ». Julien Pérès conclut : « le Département est toujours présent. Il faut savoir demander, mais aussi remercier ».

Julien Pérès, éleveur d'ovins à Labastide-d'Armagnac et président du syndicat ovins-caprins © Anne Tautou

Une reconnaissance collective

Un soutien apprécié qui a donné encore plus de relief à cette journée de concours, vécue par les éleveurs comme une véritable reconnaissance collective. « C’est le jour où l’on peut montrer nos animaux, rencontrer les élus et sentir le soutien du public venu nombreux, ça remotive », résume Julien Pérès. Pour Paul Dussau et Juliette Tintané, malgré la fatigue d’une journée commencée à 3 heures du matin, « on ne la raterait pour rien au monde : c’est valorisant. Le grand public nous apporte beaucoup par son soutien et la présence des élus permet de leur parler en face ».

Pour les vice-présidents de la chambre d’agriculture, cette journée est aussi « de la communication hyper positive » et une vitrine indispensable pour la filière qui redonne souffle et fierté à l’élevage landais.

Cri du cœur pour l’abattoir de Bazas

À l’occasion de la visite de son stand, Julien Pérès, président du syndicat ovin, a interpellé les nombreux élus et représentants de l’État présents à cette journée. Inquiet de la fermeture annoncée de l’abattoir de Bazas, il a lancé un véritable cri du cœur : « si Bazas ferme d’ici la fin du mois, ce sera une question de survie pour nos élevages ovins traditionnels en circuits courts. Transporter les animaux pendant des heures n’est pas compatible avec le bien-être animal ».

L’éleveur rappelle que la filière ovine est la seule en progression dans le département, mais qu’elle a besoin de cet outil de proximité. « Cela fait dix ans qu’on alerte. Nous sommes au pied du mur. Il faut se mettre autour de la table et trouver une solution d’ici la fin de l’année », a-t-il insisté, soulignant aussi le rôle des troupeaux dans l’entretien des paysages et la prévention des incendies.

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