Concours « Regards sur l'Adour » : les vainqueurs exposés aux Archives

Le silence de la salle de lecture des Archives départementales à Mont-de-Marsan n'est que très rarement perturbé. Vendredi dernier, c'est au son de la vielle à roue, de la boha (cornemuse landaise), de la flabuta (flûte) à trois trous, du tambourin à cordes et de la Cantèra gasconne des professeurs de musique traditionnelle du Conservatoire des Landes qu'a débuté la cérémonie sur le parvis.

« La conservation du patrimoine n'a de sens que s'il est partagé et c'est toute l'ambition de ce concours (…) Merci pour cette contribution au patrimoine, une matière bien vivante qui s'enrichit continuellement », a lancé, en ouverture, aux vainqueurs, Alice Motte, la conservatrice en chef, rappelant que 13 km d'archives sont recensés ici, « un patrimoine unique, inestimable, qui appartient à tous ». 

Les photos primées qui rejoignent le fonds des Archives, sont désormais intégrées à l'exposition Adour, d'eau et d'hommes, en perspective avec des clichés anciens, dans une mise en scène parfois étonnante. Ainsi, le 1^er Prix attribué à Bernard Sourbié dans la catégorie Habiter l'Adour pour son crépuscule sur le village de Grenade-sur-l'Adour se retrouve-t-il en lien avec une image ancienne quasi-identique dans son cadrage. « C'est une vue emblématique, c'est sympa de voir ça », a réagi le vainqueur photographe amateur qui habite près du fleuve, du côté de Larrivière.

Surprises récemment par Jérôme Niquet (1^er Prix Nature sauvage), les quatre tortues cistudes qui se reposent sur un tronc d'arbre sur le fleuve sont, elles, encadrées au-dessus d'une photo en noir et blanc d'autant de fillettes se baignant habillées dans un canal, une photo issue du Fonds Eugène Trubert du XIX^e siècle, dont les descendants ont récemment fait don aux Archives. 

Encore plus insolite, le crocodile débarquant sur l'Adour à Saubusse, imaginé par Jean Devilder (1^er Prix Jeunesse), côtoie de vrais éléphants reproduits d'une plaque de verre de la fin XIX^e de ce même fonds Trubert. « On ne sait pas si ces éléphants étaient ici dans les Landes pour un cirque ou autre, ou si cette photo provient d'un voyage », reconnaît Nathalie Soubaigné, responsable de la valorisation aux Archives », « ce dont on est sûr, c'est que le crocodile est un faux ! ». « Il flotte et il est télécommandé. C'est mon père qui l'avait acheté pour faire des blagues aux gens sur le lac », a expliqué le photographe dacquois en herbe, âgé de 10 ans.

Quoi qu'il en soit, la mission de ce concours était triple : « proposer aux Landais de poser un regard moderne sur le fleuve dans sa partie landaise, les sensibiliser à la richesse du patrimoine local pour faire émerger une culture commune, et faire prendre conscience de l'importance de la gestion de la ressource en eau pour l'avenir », a rappelé le président du Département, Xavier Fortinon, réaffirmant sa volonté de « continuer à se battre pour que l'eau ne soit pas une marchandise ».

Au-delà « des bons souvenirs des parties de pêche avec (son) ancien prof de français, mugronais de souche » que lui rappellent ces photos, Paul Carrère, président de l'Institution Adour et vice-président du Conseil départemental, a estimé que cette exposition permettait aussi de « transmettre l'importance de la vie autour d'un fleuve, de la richesse que l'eau apporte sur un territoire » et de « se rendre compte de l'enjeu de l'eau, au vu de la sécheresse et des incendies de l'été ».

Sur les 125 clichés recueillis dont une cinquantaine déposés par des jeunes, dix ont été primés, avec de jolis lots à se partager : repas pour deux personnes à la Ferme aux Grives de Michel Guérard à Eugénie-les-Bains, coffrets du Domaine d'Ognoas, places pour le prochain Festival Arte Flamenco, mini-imprimante photos, jumelles, livres et jeux de société sur les Landes, sortie nature avec un technicien naturaliste du Département, etc.