Du pain, du lien

Dans une période inédite où les repères vacillent, il est bon de conserver de rassurantes habitudes. Lors d’une étude menée par l’Observatoire du pain en 2015, 92 % des Français disent avoir la plupart du temps du pain à la maison. En mode confinement, les boulangers assurent donc quasiment une mission de service public et les artisans landais répondent présents.

Leurs boutiques constituent désormais l’unique sortie quotidienne de beaucoup de personnes confinées. Les boulangers se sont adaptés aux nouvelles normes sanitaires, comme Benoît Gourgues à Bascons : « J’ai installé un parcours fléché dans mon magasin afin de respecter les mesures barrières. J’ai également changé mes horaires de livraison, de manière à circuler de très bonne heure le matin, ce qui fait que je ne croise personne. De toute manière, c’est une question de bon sens et dans notre métier, on a l’habitude de se laver les mains régulièrement ». À Créon-d’Armagnac, Patrice Lartigue, président de la fédération de la boulangerie et de la boulangerie-pâtisserie des Landes, propose «  un peu plus de pains spéciaux qui se gardent plus longtemps » et note un changement dans les habitudes des clients : « Ils paient de plus en plus avec une carte sans contact ». 
 

Avec la limitation drastique des mobilités, les gens redécouvrent le petit commerce dans leur village : «  J’ai de nouveaux clients. Bascons est un peu un village dortoir et les personnes qui travaillent à Mont-de-Marsan avaient pris l’habitude d’y faire leurs courses. Elles se rendent compte qu’un petit commerce de proximité est important », indique Benoît Gourgues.

Comme beaucoup de ses confrères ruraux, Patrice Lartigue tient une épicerie multi-services et relève une prise de conscience chez ces nouveaux clients : «  on leur prouve que si nos prix sont certes un peu plus élevés qu’en grande surface, ils n’augmentent pas en fonction des circonstances ». 
 

Si les précautions sanitaires incitent à écourter les visites à la boulangerie, les artisans landais demeurent des témoins privilégiés de l’état d’esprit de la population en cette période exceptionnelle. «  Les personnes âgées sont les plus inquiètes », témoigne ainsi Patrice Lartigue, tandis que son collègue de Bascons a l’impression que « les gens sont un peu moins stressés que dans les grandes villes. On a de l’espace, du terrain. C’est un peu plus facile à vivre. Mais il ne faut pas tomber dans l’excès inverse. On répète aux personnes d’un certain âge d’être prudentes ».

La farine étant considérée comme un produit de première nécessité, les deux boulangers ne craignent pas pour l’instant de difficultés d’approvisionnement. Et restent déterminés à continuer leur mission de lien social : « Notre métier est un service à rendre aux gens, quoi qu’il arrive. Le but est de les rassurer, pas de les stresser. En respectant les consignes de sécurité et les gestes barrières, il n’y pas de raison que cela se passe mal », résume Benoît Gourgues.