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03/11/2022
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Les mines réjouies ne laissent pas de place au doute : visiblement, les collégiens de Geaune se délectent des charcuteries de la Ferme des Vallons. Le jambon, le boudin, le chorizo et la saucisse, produits à partir des cochons roses et noirs élevés sur l’exploitation, remportent un franc succès. Clotilde Laborde, en charge de la commercialisation, en profite pour délivrer un message à ces jeunes, qui sont les consommateurs de demain : « il faut que vous preniez conscience que l’agriculture française est en danger. Il ne reste plus que 400 000 exploitations en France. 100 000 ont disparu dans les 10 dernières années. Pourtant, c’est la plus propre au monde car on a refusé les hormones, les OGM et certains produits phytosanitaires. Vous avez la chance de vivre dans un territoire où il y a beaucoup de produits de qualité : du cochon, du canard, du bœuf, du fromage de brebis et de chèvre… ».
En cette matinée de fin octobre, dans le cadre de l’action départementale « Objectifs 100 % local zéro gaspi »(voir encadré), les 64 élèves de 5e du collège Pierre-de-Castelnau visitent l’élevage de porcs traditionnels et gascons de la Ferme des Vallons. Ils y découvrent à la fois une histoire de famille et une façon de concevoir l’agriculture, centrée sur le bien-être animal et le souci de la qualité, à toutes les étapes de la production.
En 1993, les frères Éric et Benoît Laborde s’associent à leur cousin, Stéphane Labrouche, pour reprendre l’exploitation de leurs parents, située à Vielle-Tursan. Le tournant décisif intervient en 1999 avec l’arrêt de l’élevage industriel et le choix de la vente directe. « On ne recherche pas la quantité, mais la qualité. C’est un choix de vie de suivre notre élevage, de transformer nos cochons, de les nourrir avec les produits de la ferme et d’en parler à nos clients », explique aux collégiens Kévin Laborde, le fils de Clotilde. Le jeune homme est en phase d’installation sur l’exploitation, assurant ainsi la perpétuation de la lignée.
La Ferme des Vallons produit 450 à 500 porcs par an. À comparer avec les 7 000 bêtes vendues, en moyenne, par un élevage industriel. Au fil de leur visite, les élèves constatent l’attention portée au bien-être des animaux. « Pour avoir de bons jambons, il faut de bons cochons qui se sentent bien tout au long de leur vie », justifie Julien, un des 8 salariés, devant le bâtiment où naissent et prospèrent les porcs roses, race à la peau plus fine, et donc plus sensible aux variations climatiques. Des systèmes de régulation de température et de ventilation sont installés dans toutes les pièces. Dans la maternité, des barrières sont posées afin d’éviter que les truies n’écrasent leurs porcelets. Ceux-ci sont nourris au lait de leur mère durant 28 jours avant d’être sevrés. Ils passent ensuite, à raison de 10 individus par cour, dans un espace voisin où des chaînes et des ballons leur permettent de chasser l’ennui.
Les porcs noirs gascons sont, eux, élevés à l’extérieur. La famille Laborde-Labrouche fait partie de la poignée d’agriculteurs qui a décidé, dans les années 90, de sauver cette race rustique, qui a failli disparaitre avec l’avènement de l’élevage industriel, parce qu’elle s’accommodait mal de la vie en bâtiment et parce que les truies donnaient des portées bien plus réduites que pour des races traditionnelles.
Noirs ou roses, élevés en bâtiment ou en extérieur, les cochons sont nourris d’un mélange de céréales cultivées sur l’exploitation de 250 hectares : orge pour les fibres, maïs pour les glucides, soja ou pois ou tournesol pour les protéines. « Le dosage change en fonction de l’âge et des besoins de la bête », expose Cédric, un autre salarié, dans la fabrique d’aliments de la ferme. Au bout d’un an, les animaux sont emmenés à l’abattoir d’Hagetmau. Les carcasses reviennent à la Ferme des Vallons pour être transformées en viande fraîche, conserves ou salaisons dans l’atelier bâti sur place en 2019.
Les agriculteurs de Vielle-Tursan ont en effet choisi de maîtriser leur production de A à Z, ne laissant plus que les seuls jambons être séchés par la Maison du jambon à Arzacq. Ce souci de la qualité se retrouve dans les strictes normes d’hygiène régissant les lieux. « On maintient de basses températures pour limiter le développement de bactéries et de microbes et on est tout le temps en train de laver, désinfecter, contrôler », détaille Stéphane Labrouche qui fait visiter aux élèves l’ensemble de la chaîne de production : chambre froide, ateliers de découpe ou de cuisine, séchoir, etc.
Les collégiens de Geaune posent des questions et noircissent leur cahier. C’est que cette matinée à la ferme fera l’objet d’un compte-rendu, qui s’inscrit dans un projet pédagogique global autour de l’alimentation. « L’idée est de montrer qu’on est ce qu’on mange. Les élèves prennent conscience de l’importance de ne pas consommer de bêtises. On aborde aussi la notion de gaspillage alimentaire avec un repas zéro gaspi au collège le 14 novembre et un travail avec le centre Lacq Odyssée en janvier », éclaire Virginie Biscarat, la professeure de SVT.
Certains collégiens connaissaient déjà la Ferme des Vallons. D’autres ont des éleveurs dans leur famille. Il n’est pas certain pour autant que ces jeunes de 12 ans avaient une idée précise, avant cette visite, de la différence entre élevage traditionnel ou industriel. Cette matinée y aura peut-être contribué.
En tout cas, les éleveurs de Vielle-Tursan leur ont parlé avec sincérité, passion et humour, à l’image de cette réponse de Clotilde Laborde à la question d’Emelyne :
« - Est-ce que c’est vrai que tout est bon dans le cochon ?
- Oui ! De la tête à la queue, tout est délicieux ! »
« Objectifs 100 % local zéro gaspi »
Le Département des Landes encourage l’approvisionnement local et la lutte contre le gaspillage alimentaire en restauration collective au travers de deux démarches complémentaires (Agrilocal40 et L’Eco-Tribu, mon collège passe au vert) du Plan Alimentaire Départemental Territorial (PADT) « Les Landes au menu ! ».
En permettant à tous un accès à une alimentation de qualité et de proximité, on contribue à la lutte contre le gaspillage alimentaire.
À ce titre, le Conseil départemental a mis en place l’action « Objectifs 100 % local zéro gaspi » afin de sensibiliser les collégiens à l’origine des produits et au savoir-faire local grâce à des visites chez des producteurs et des entreprises du territoire.
Après cette action de sensibilisation, un défi Zéro gaspi est proposé aux élèves qui dégusteront un repas 100 % Agrilocal40 et réaliseront le tri et la pesée de leurs bio-déchets pour quantifier le gaspillage alimentaire à l’issue du repas.
Au côté du collège Pierre-de-Castelnau de Geaune, 3 autres établissements participent à cette action cette année :
- Marie-Curie, à Rion-des-Landes
- Jean-Mermoz, à Biscarrosse
- Cel-le-Gaucher, à Mont-de-Marsan
Pour aller plus loin
Les sites du département