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L’ESS : la voix des SCOP

26/06/2025

219 vues

© Peggy Delery | Dpt 40

À Duhort-Bachen, la 2e journée départementale de l’ESS a mis un coup de projecteur sur un modèle alternatif aux entreprises traditionnelles bien ancré dans les Landes : les SCOP.

Et si, en 2052, l’économie sociale et solidaire (ESS) n’était plus qu’un souvenir ? C’est autour de cette fiction, imaginée lors d’un atelier d’écriture, que s’est ouverte la deuxième rencontre ESS, le 24 juin, organisée par le Département en partenariat avec la CRESS NA et l’URSCOP Nouvelle-Aquitaine. Près de cinquante structures du territoire (associations, coopératives, SIAE, collectivités…) étaient présentes. L’objectif : faire connaître la diversité de l’ESS, questionner son impact local et rappeler qu’elle n’est pas acquise.

Un exemple de réussite coopérative

La coopérative de production la Route Ouvrière Aturine (la ROA) n’avait évidemment pas été choisie par hasard pour accueillir cette matinée d’échanges. L’entreprise spécialisée dans les travaux publics et l’extraction et la commercialisation de sable et de graviers, incarne à elle seule les valeurs de partage et de transparence défendues par les SCOP (sociétés coopératives et participatives), un pilier de l’économie sociale et solidaire.

Une cinquantaine de structures étaient présentes © Anne Tautou

Créée en 1969 par cinq salariés décidés à sauver leur emploi après une faillite de leur entreprise, la ROA a survécu pendant deux ans sans l’aide des banques, ni possibilité de salaires mais avec un esprit collectif chevillé au corps. Aujourd’hui, après avoir surmonté bien des défis, le modèle tient bon depuis 56 ans et l’entreprise de 34 salariés, s’est imposée comme un acteur reconnu de son secteur. « Nous travaillons nos prises de décision en collaboratif selon des critères démocratiques », rappelle Nicolas Daugreilh, PDG de la ROA. Les dirigeants sont élus par les salariés pour trois ans. « Rien n’est tabou. On discute de tout. Alors forcément les décisions sont plus longues à prendre mais on bâtit ensemble », insiste Sylvie Piraube, co-dirigeante. 

Ce fonctionnement participatif n’empêche ni la performance, ni l’innovation et l’entreprise continue de valoriser l’inclusivité, l’approvisionnement local tout comme le recrutement de proximité et les démarches RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Un modèle qui peut parfois surprendre les non-initiés à l’image de Sophie Dubez, récemment recrutée au poste de QHSE (Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement). La salariée a découvert un monde à l’opposé des entreprises classiques : « j’avais l’habitude d’une hiérarchie très descendante. Ici, les salariés sont écoutés, impliqués ».

Nicolas Daugreilh, Sophie Dubez et Sylvie Piraube ont raconté l'expérience de leur SCOP, la Route ouvrière aturine © Anne Tautou

Des SCOP aux origines multiples

Si la ROA adopte la forme d’une société anonyme coopérative de production, les SCOP peuvent exister sous trois statuts juridiques (SA, SARL ou SAS) avec un principe commun : les salariés y détiennent la majorité du capital et du pouvoir de décision. En France, elles sont de plus en plus nombreuses depuis dix ans. L’INSEE en dénombre plus de 4 400 sur le territoire, représentant 82 000 salariés dont 70 % sont associés. Leur taux de pérennité à cinq ans atteint 76 % contre 61 % pour les entreprises classiques. 

« Dans les Landes, on en recense près d’une trentaine, pour environ 500 salariés », détaille Marc Amorena, directeur de l’Union Régionale des SCOP Nouvelle-Aquitaine. La dynamique est en plein essor, notamment autour d’Aire-sur-l’Adour. « Certaines SCOP sont nées pour sauver leur entreprise, comme TCMI à Tarnos. D’autres reposent sur une volonté de transmission, comme Escriba à Hagetmau ou ce sont parfois des créations », explique le directeur de l’URSCOP. 

Marc Amorena, directeur de l’Union Régionale des SCOP Nouvelle-Aquitaine © Anne Tautou

Parmi les fleurons landais, il cite aussi Tursan Adour Élagage, la SCOP Michieletto, Copland Le Groupe ou encore EOLE, Lesbats Société Nouvelle… « La plupart des grandes ou petites SCOP se ressemblent car elles ont souvent été confrontées à l’arrêt de l’entreprise. Les salariés ont réagi et ont choisi de prendre en charge leur avenir peu importe leurs métiers et la taille de l’entreprise », assure Marc Amorena. 

Impossible toutefois de les revendre car une SCOP ne se cède pas comme une entreprise classique. Elles sont pensées pour durer et se transmettre aux générations futures. Pour les y aider, « elles se sont dotées d’outils mutualisés au sein des URSCOP, qui leur apportent un accompagnement juridique, des ressources humaines, des formations, ainsi que des moyens de communication », précise le directeur. Un soutien adapté à l’engagement sociétal auquel ces structures sont attachées comme l’a démontré la restitution de l’atelier d’écriture par la compagnie d’improvisation théâtrale Solycate.

« Continuer à bâtir des Landes solidaires et joyeuses »

En clôture de matinée, la compagnie capbretonnaise a en effet donné vie, avec humour et légèreté, aux productions des participants de l’atelier « Et si l’ESS disparaissait ? ». Entre fables revisitées, récits de science-fiction, dessins engagés et articles de presse décalés, les participants ont rappelé, chacun à leur manière, que l’ESS est un bien commun à préserver dans toutes ses dimensions sociales, environnementales et solidaires.

Restitution des ateliers par la compagnie Solycate © Anne Tautou

Éva Belin, vice-présidente départementale à l’ESS, a salué la qualité des échanges et remercié la ROA pour son accueil : « vous êtes une incarnation parfaite du monde coopératif. Ce que vous faites ici parle à tout le monde. Et dans le contexte actuel, cela prend un sens tout particulier ». L’élue a rappelé que la feuille de route ESS 2024-2027, dont cette rencontre constituait une étape, est construite pour et avec les acteurs du territoire : « elle va continuer à évoluer grâce à vous tous ». Dans un contexte de fortes tensions budgétaires, elle a toutefois prévenu que « l’année à venir sera décisive » redoutant « les attaques financières et coups de rabot qui se multiplient » avant de conclure sur une note plus positive : « on poursuivra ensemble, par la coopération, pour continuer à bâtir des Landes solidaires et joyeuses ».

Feuille de route ESS : un point d’étape

Cette deuxième rencontre s’inscrit dans le cadre du déploiement de la feuille de route ESS 2024-2027 portée par le Département. Objectif : structurer l’écosystème local, renforcer la visibilité de ses acteurs et favoriser l’émergence de nouvelles initiatives. 

Le prochain temps fort est prévu le 28 octobre avec la signature d’une convention entre la Région Nouvelle-Aquitaine et le Département des Landes. À cette occasion, un parcours territorial organisé par la Région avec l’aide du Département réunira des délégations étrangères dans le nord des Landes, avec des visites de terrain : l’Airial du Tastot à Pontenx-les-Forges, l’Hélistation de Mimizan et le Grenier de Mézos.

Enfin, du 29 au 31 octobre 2025, les Landes participeront au Forum mondial de l’ESS à Bordeaux, organisé par le GSEF, l’un des principaux réseaux internationaux de gouvernements locaux et d’acteurs de l’ESS.

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