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11/09/2024
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Armée d’une photo satellite, d’une carte IGN et du GPS de son téléphone – lorsque le réseau le permet -, Valérie Guéguen se repère sans trop d’hésitations dans l’écheveau de pistes forestières tissé entre Pouydesseaux et Sarbazan. Objectif de la naturaliste à la direction de l’Environnement du Département des Landes ? : explorer trois lagunes dans lesquelles elle espère trouver le Faux cresson de Thore. Cette plante vivace amphibie de la famille des ombellifères – comme la carotte sauvage – s’épanouit dans les zones humides inondables ou immergées une partie de l’année telles que les étangs, les mares, les marais, les landes tourbeuses, les tourbières, les lagunes ou encore les fossés.
La naturaliste scrute le sol avec attention, à la recherche des petites fleurs blanches caractéristiques, disposées en ombelle : « sans les fleurs, cette petite plante très rase serait encore plus difficile à apercevoir. C’est pourquoi on fait les prospections maintenant, durant la période de floraison qui dure d’août à octobre ».
Classé espèce vulnérable au niveau national, le Faux cresson de Thore est bien représenté dans le plateau landais, triangle géologique de plaine sableuse délimité par Soulac au nord, Nérac à l’est et Hossegor au sud. À ce titre, le Caropsis verticillato-inundata – de son nom latin - fait partie du Top Nature 40, une liste de 62 espèces pour lesquelles « notre zone géographique a une responsabilité de préservation », explique Valérie Guéguen pour justifier sa présence dans une lagune au cœur du massif forestier landais en cette fin d’été. « Notre étude a pour but de délimiter la limite sud de la zone d’implantation du Faux cresson car, pour mieux préserver une espèce, il faut bien définir les milieux dans lesquels elle s’épanouit le mieux », éclaire la responsable de la cellule acquisition et valorisation de la connaissance au service Patrimoine naturel du Département.
Le saviez-vous ?
Comme son nom l’indique, le Faux cresson de Thore fut décrit pour la première fois par Jean Thore (1762-1823), médecin et botaniste français installé à partir de 1795 à Dax où il devint le protégé de Jacques-François de Borda, initiateur du musée portant son nom.
Huit techniciens naturalistes sont mobilisés pour une campagne de prospection qui va s’étaler sur deux ans, afin de compenser les périodes défavorables liées aux aléas climatiques. Le territoire landais a été divisé en mailles de 5x5 km. 35 carrés (21 cette année et 14 en 2025) seront examinés sur la base de deux critères : ils se situent à proximité de la limite sud de la zone d’implantation et ils recèlent des données de présence ou d’absence de l’espèce antérieures à 2014. Dans chaque maille, 3 sites favorables ont été sélectionnés sur la base d’une analyse croisée combinant des données de pré-localisation de zones humides du plateau landais, des images cartographiques numériques et des photographies aériennes ou satellitaires rectifiées afin de corriger les déformations du relief.
Un minutieux travail de préparation qui facilite grandement la recherche sur le terrain en réduisant les temps d’accès au site ciblé. En ce jeudi de la fin août, selon un protocole bien établi, Valérie Guéguen passe 30 minutes dans la parcelle en privilégiant les petites dépressions de terrain un peu plus humides couvertes de gazon amphibie. Sa fouille réalisée, elle remplit une fiche de terrain « plus ou moins détaillée selon que j’ai trouvé l’espèce ou pas », l’essentiel étant de répertorier les plantes présentes. Toutes les observations sont d’ailleurs systématiquement transmises à l’OBV (Observatoire de la Biodiversité Végétale de Nouvelle-Aquitaine).
Ce matin-là, entre Pouydesseaux et Sarbazan, la technicienne naturaliste ne trouve pas trace de la petite plante aux fleurs blanches. Ce qu’elle accueille avec philosophie : « il faut savoir gérer la frustration de ne pas trouver ce que l’on voudrait voir ». L’absence du sujet recherché est une information en soi : « notre étude vise dans un premier temps à connaitre jusqu’où le Faux cresson de Thore se développe dans la limite sud du plateau landais. Ensuite, on déterminera comment utiliser les données récoltées avec le Conservatoire botanique national Sud-Atlantique ».
Le saviez-vous ?
Depuis 2019, dans le cadre de son Schéma Nature 40, le Département a engagé un programme d’acquisition de connaissances sur une sélection d’espèces animales et végétales. Le Faux cresson de Thore est la 6e espèce étudiée :
- Mouron à feuilles charnues (Plantes à fleurs)
- Grande mulette (Bivalves d’eau douce)
- Campagnol amphibie (Mammifères)
- Fadet des laîches (Papillons de jour)
- Chabot de l’Adour (Poissons d’eau douce)
- Faux-cresson de Thore (Plantes à fleurs)
Pour aller plus loin
Les sites du département