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Que faire face aux sangliers ?

05/10/2020

1433 vues

© S. Zambon | Dpt 40

Chaque année, des hectares de cultures sont ravagés par ces porcs sauvages dont la population explose pendant que le nombre de chasseurs décline. Des négociations sont en cours au ministère.

Au milieu des années 1980, environ 500 sangliers étaient prélevés annuellement par les chasseurs dans les Landes. En 2000, on approchait les 2 500 bêtes pour environ 340 000 € de dégâts dans les cultures. L'an passé, suivant une courbe exponentielle, ce sont 15 000 animaux qui ont été abattus, avec un record de 500 dossiers d'indemnisation et 1 067 hectares détruits par ces omnivores aux canines et défenses redoutables qui s'attaquent essentiellement au maïs mais aussi aux jeunes plantations de pins. 

Résultat, la Fédération départementale des chasseurs des Landes (FDCL) ne peut plus suivre. En juillet, le Département a voté une subvention exceptionnelle de 500 000 € pour qu'elle puisse faire face à l'indemnisation des dégâts agricoles générés l'an passé par le grand gibier (déficit de 1,6 M€). « C'est un geste fort, une reconnaissance de notre mission de service public. Sans ça, on mettait à mal les trésoreries des ACCA (associations communales de chasse agréée) », salue Jean-Luc Dufau, vice-président de la FDCL.

10 000 chasseurs de moins en 10 ans

Depuis une loi de 1968, les indemnisations sont en effet à la charge des chasseurs via leurs cotisations. « A cette époque, les agriculteurs avaient concédé leur droit d'affût, et en compensation les chasseurs régulaient le gibier, c'était équitable, les chasseurs étaient nombreux et la grande faune moins développée », rappelle le responsable. Mais tout a changé. De nos jours, les Landes comptent 19 700 chasseurs, soit 10 000 de moins qu'il y a dix ans. Cette année, entre l'effet confinement et la quasi-fin des chasses traditionnelles, on estime à 1 900 le nombre de permis en moins. 
En parallèle, la population de sangliers a explosé. « Autrefois, les laies faisaient une portée par an », note Julien Lion, chargé de mission à la Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles (FDGDON) basée à la chambre d'Agriculture, « aujourd'hui elles en font souvent deux, car les hivers sont doux, il y a à manger et plus le sanglier mange, plus il se reproduit. En plus, cette année, le confinement qui a interrompu la chasse au printemps, n'a pas arrangé les choses. Or pour que la population reste stable, il faut que la moitié des petits de l'année soit prélevée ». 

© S. Zambon | Dpt 40

Face aux dégâts, une dizaine de fédérations de chasse (Landes, Pyrénées-Atlantiques, Gers...) tirent depuis des années le signal d'alarme et demandent une révision de la loi de 1968. Des négociations sont d'ailleurs en cours au ministère de l'Agriculture. « Si la conclusion, autour du 1er novembre, ne nous convient pas, nous n'hésiterons pas à enclencher une QPC (question prioritaire de constitutionnalité) envers la loi d'indemnisation, le Conseil d'Etat aura à en juger », prévient la FDCL. 

Il n'est plus question qu'on soit les seuls à payer car il y a d'autres enjeux que les dégâts agricoles : sécurité routière, dégâts urbains, et aussi problématique sanitaire avec la peste porcine à nos portes.

Citation de Jean-Luc Dufau, vice-président des chasseurs landais

En plus des battues classiques qui se poursuivent, des dérogations pour du piégeage ont été validées par la préfecture pendant plusieurs mois, et les tirs individuels ont été autorisés aux agriculteurs pendant le confinement. 

« Une horreur à vivre »

En parallèle, l'agrainage continue parfois à se pratiquer. Or, offrir du maïs par endroit à des sangliers pour les détourner des cultures, contribue à l'augmentation de la population. Les agriculteurs sont donc nombreux à clôturer leurs parcelles pour se protéger. « Les clôtures sont une bonne mesure pour soustraire la ressource alimentaire aux sangliers, ce qui va conduire à moyen terme à une baisse de la reproduction », estime Thierry Gatelier, de la direction de l’Environnement au Conseil départemental, mais « les clôtures repoussent aussi le problème chez d'autres ».

De plus en plus d'agriculteurs clôturent leurs parcelles © S. Zambon | Dpt 40

A Arue, en Haute Lande, Patrick Cabanacq a ainsi vu 20 % de ses 25 hectares de maïs ravagés cette année, une production qui manquera aussi pour nourrir ses poulets et chapons. Pour lui, « clôturer pose souci par rapport aux parcours en plein air de ses volailles », cela représenterait 30 000 € d'investissements sur toutes ses parcelles. Si grâce au piégeage (« il faudrait pouvoir le faire toute l'année », dit-il), des dizaines de sangliers ont été neutralisés ces derniers mois par ici, « ça continue cet automne, ils s'attaquent à tout. Ça a dérapé depuis 4 ans, on n'arrive plus à les contenir, ce sont parfois des hordes de 15 à 20 sangliers qui n'ont plus peur de rien. C'est une horreur à vivre », dit celui qui n'ose plus aller voir ses parcelles avant récolte « pour réussir à dormir la nuit ». Avec des pertes qui s'accumulent, le quarantenaire se sent démuni : « à force, mon exploitation risque de ne plus être viable ».

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