Renforcement du dispositif de lutte contre la grêle

«  Les parcelles de Baco, à l’entrée du Domaine, sont détruites de 60 à 80 % tandis que d’autres sont restées intactes. La grêle a frappé de manière très hétérogène», constate Dominique Guichemere. Le chef de culture du Domaine départemental d’Ognoas est encore abasourdi par la violence et l’extrême localisation de l’orage qui a meurtri le 12 juin une partie des vignes.

Quatre communes du Bas-Armagnac ont particulièrement été touchées, suivant un axe sud-ouest nord-est : Perquie, Arthez-d’Armagnac, Le Frêche et Labastide-d’Armagnac. Le maire de cette dernière, Alain Gaube, évoque des «couloirs de chute de grêle de 150 à 200 mètres de largeur. Le maïs a été touché, mais ce sont surtout les vignes qui ont souffert car elles sont particulièrement sensibles à cette période de l’année. Les grappes de raisin étaient très nombreuses et promettaient une récolte abondante. Certains viticulteurs en ont perdu 80 à 90 %. Le plus rageant, c’est que nous disposons depuis 45 ans d’un système d’alerte et, ce jour-là, nous n’avons reçu aucun message ».

Depuis plus de 40 ans, en effet, un réseau de 95 générateurs à iodure d’argent, distants d’environ dix kilomètres les uns des autres, est réparti dans le département afin d’ensemencer les orages de grêle pour limiter autant que possible l’impact des grêlons sur les biens civils (toitures, voitures…) et sur les cultures. Ces appareils produisent par combustion 200 000 particules d’argent/minute qui seront aspirées par les orages lors de leur passage. L’argent, grâce à capacité à retenir l’humidité de l’air, va démultiplier le nombre de grêlons en formation, ce qui va entrainer la réduction leur taille d’environ 50 %. Le coût de ce dispositif est de 120 000 €, financés par le Conseil départemental des Landes (85 000 €) et la Chambre d’agriculture (35 000 €).

Le système est déclenché sur la base des relevés météos envoyés quotidiennement à 9 h du matin par Météo France et Keraunos, l’Observatoire français des tornades et orages violents. « Jusqu’ici, lorsque les prévisions indiquaient des risques de grêle inférieurs à 30 %, on ne déclenchait pas le dispositif, car cela ne correspondait pas à des situations météo dangereuses. Mais, en l’espace de cinq jours, à Caupenne puis dans le Bas-Armagnac, deux orages violents sont survenus alors que le taux de probabilité diagnostiqué était de 15 % », explique Thierry Piet, président de l’ADLFA Landes (Association départementale de lutte contre les fléaux atmosphériques des Landes).
 

Face à ce phénomène nouveau, il a été décidé d’adapter les seuils de vigilance. Désormais, lorsque les pointages matinaux signalent des risques d’orage oscillant entre 10 et 30 %, Keraunos livrera à l’ADFLA de nouveaux relevés à 12 h et à 15 h. Thierry Piet détaille la suite du mécanisme d’intervention : « Si les risques de grêle restent inférieurs à 30 % mais qu’on observe une activité électrique proche (le nord de l’Espagne, notre façade Atlantique) ou une hausse de température pour la fin d’après-midi, nous mettrons en route nos générateurs malgré le faible niveau de risque ».

Face à des phénomènes climatiques toujours plus déroutants, pouvant détruire en quelques minutes des années d‘efforts, ce surcroit de précautions apparaît bienvenu.