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Rugbymen et poètes

10/02/2020

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© Julie Ducourau

A l'école de rugby de Peyrehorade, on ne s'habille pas seulement en vert - la couleur de l'équipe -, on écrit aussi des vers. Un recueil sera même édité mi-mars dans le cadre du Printemps des poètes.

L'idée a germé dans un coin de tête de Jean-Claude Barens. L'homme des festivals landais (la Parade des 5 sens, 40 en paires ou Chantons sous les pins), qui fête ses 30 ans de productions, fait aussi partie de l'Atelier des Mots, une association de Saint-Lon-les-Mines qui va à la rencontre du public avec du théâtre, du conte ou de la chanson sur des lieux inhabituels (Cagnotte, Marais d'Orx, Orist et autres représentations ici).

C'est dans ce cadre qu'il a eu envie de « faire rimer poésie avec ovalie » pour, dit-il, « travailler à décloisonner un peu ce sport de ses vieilles appréciations très réductrices du type ''c'est pour les bourrins'' ». Et permettre à des enfants de l'école de rugby de participer cette année au Printemps des poètes, dont la 22e édition dédiée au courage se tient du 7 au 23 mars partout en France.

Contacté, Didier Lacaule, co-responsable des rugbymen en herbe à Peyrehorade et enseignant de CM2 à Port-de-Lanne, a été aussitôt séduit par « le projet novateur, le challenge intéressant », mais à une condition : « qu'on travaille en collectif partagé pour conserver la notion d'équipe du rugby ».

© Julie Ducourau

Situations d'ateliers de jeux

Pendant deux mois, par petits « mauls » de catégorie d'âge, une bonne soixantaine de 8-14 ans ont donc planché sur trois à quatre ateliers autour du ballon, de l'équipe ou du maillot, dans la salle du stade municipal, devant les portraits des gloires du Peyrehorade Sports Rugby. Durant cette demi-heure d'écriture avant l'entraînement du mardi, certains sont très motivés crayon et dictionnaire en main (« c'est bien, ça nous fait réfléchir aussi sur le rugby »), d'autres avouent parfois s'y ennuyer (« c'est bon on a fini, on peut aller jouer ? »). Mais, comme le dit Hervé Carrère, l'un des 25 éducateurs : « ils n'ont jamais assimilé ça à l'école, on est dans des situations d'ateliers de jeux, tous ont bien participé et il n'y a pas eu de réfractaire ».

Le 17 mars, au cours d'une soirée où seront lues des Envolées fugaces de Mathias Atayi, rugbyman professionnel et amoureux des mots, les enfants se verront remettre un recueil (Ed. Terres d'Encrages) renfermant 15 poèmes qu'ils auront choisis dans des anthologies parmi des classiques de Hugo, Apollinaire, Lamartine ou Prévert, au côté de leurs 15 plus beaux textes écrits en ateliers.

Peut-être y figureront les drôles d'allitérations de Mathias, Sohan et Simon « J'irai avec mon maillot manger des marshmallows, j'irai avec mon équipe épouser un porc-épique » (sic), ou ces mots poétiques issus d'un texte de Raphaël et Pablo :

« Dans notre stade,

on aperçoit des poteaux en bois,

des foules, des rois,

des couleurs,

des douleurs.

C'est le rugby,

la belle vie,

ça donne envie ! »

 

Ou encore ces vers de Paul sur le courage :

« Pour aller plaquer

Il ne faut pas renoncer

au dernier moment,

Car les coéquipiers

ne seront pas contents.

Alors vas-y et prends ton courage à deux mains

Et tu seras heureux, à la fin ! ».

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