Finale régionale du Trophée d’Impro Culture & Diversité : les Landes s’imposent

Chauffés à blanc par les hurlements de leurs camarades, les jeunes du XL Impro Club ont fait monter les décibels au CaféMusic durant près de deux heures d’improvisation. Au terme d’une quarantaine de saynètes drôles, créatives et parfois même impertinentes, les six Landais des collèges de Aire-sur-l’Adour, Roquefort et Villeneuve-de-Marsan ont décroché la première place de cette finale régionale dans une ambiance survitaminée. Ils offrent aux Landes une belle victoire face aux équipes de Gironde, Charente-Maritime et Pyrénées-Atlantiques.

« On était surtout là pour s’amuser », assure Baptiste, 14 ans, en 3^e à Roquefort. Nathan, 13 ans, en 4^e à Villeneuve-de-Marsan, retient surtout l’intensité de la rencontre : « On était vraiment dans un moment d’euphorie ! J’ai adoré le match chanté avec Roquefort ». Pour Loria, 12 ans, en 6^e à Aire-sur-l’Adour, la joie est immense : « C’est incroyable ! Je n’en reviens pas qu’on ait gagné. C’est la première fois que je participe en plus ! » Même Zoé en 3^e à Rochefort, repart heureuse : « le public était très gentil. Ils nous ont tous encouragés. Et puis on a sympathisé avec l’équipe des Landes ».

Comme le veut la tradition du théâtre d’impro, les 24 collégiens, répartis en quatre équipes, se sont affrontés dans un décor de patinoire, à coup de six mini-matchs, enchaînant les performances avec une énergie communicative. Et ce ne sont pas les thèmes imposés par le savoureux arbitre-comédien Félix Philipart, qui ont fait vaciller la concentration des compétiteurs relevant les défis avec une étonnante décontraction, qu’il s’agisse des « timides anonymes » joués à la manière de Molière, de « La ville des trois rivières » sans parole ou encore de « Pas froid aux yeux » chanté en reggae, rap ou romance.

Dans le public, présent lors de cette finale, Saïd Soudjay, référent du Trophée national d’impro Culture & Diversité, n’a pas caché son émotion : « j’ai été ému presque aux larmes… et en même temps, j’ai beaucoup ri », a-t-il confié. Il a rappelé que le Trophée, parrainé par Djamel Debbouze, fête ses 15 ans et réunit chaque année plus de 2 000 jeunes à travers la France, accompagnés par 32 compagnies partenaires dans 14 régions. 

Après avoir réaffirmé le soutien du Département à ce dispositif destiné à favoriser l’accès à la culture aux jeunes issus de l’éducation prioritaire, Rachel Durquéty, vice-présidente du Département en charge de la Culture, a salué l’engagement des jeunes artistes : « difficile de parler après vous, vous y mettez tellement de cœur ! ». Des mots qui trouvent tout leur sens quand on mesure le travail accompli en amont.

Si l’improvisation semble aussi naturelle sur scène, c’est le résultat de 38 ateliers menés tout au long de l’année dans les trois établissements sous la houlette de la compagnie Donc du coup dirigée par la comédienne Aurélia Ciano. « Au début, les enfants viennent en pensant que c’est plus simple que le théâtre ou pour travailler l’oral. Et puis, ils découvrent cette liberté incroyable dans un cadre bien défini où ils sont libres de raconter ce qu’ils veulent. Le format du match est très ludique, presque dans un esprit sportif, comme un match de foot », résume-t-elle.

Peu à peu, ces jeunes improvisateurs apprennent les bases du théâtre, expérimentent le mime, le chant, le conte et développent leur capacité à réagir à l’inattendu. « Ils superposent les techniques et, petit à petit, arrivent à raconter de vraies histoires, même sans être férus de culture. Certains, en difficulté scolaire, s’illustrent particulièrement en impro et trouvent ici une vraie confiance en eux », se réjouit Aurélia Ciano. Loria confie qu’elle redoute encore de faire des fautes : « je ne suis pas très bonne en français, mais en théâtre d’impro, ce que j’aime, c’est qu’on est tous égaux. C’est accessible à tout le monde. On n’a pas besoin d’apprendre un texte ». 

Baptiste, lui, mesure déjà les bienfaits de l’improvisation : « à mon premier oral de 3^e, j’avais eu peu de points pour l’éloquence. Mais à l’oral du brevet blanc, ma note a bien augmenté ! Je me sens beaucoup plus à l’aise ».
Aurélia observe avec émotion leur progression : « ils sont aussi capables, en tant qu’arbitres, d’analyser les attitudes de leurs camarades, de mettre des mots sur des comportements. Ils apprennent à cohabiter, à s’ouvrir, à lâcher prise… et beaucoup reviennent l’année suivante, plus assurés ».

Avec l’arrivée du collège de Villeneuve-de-Marsan cette année, aux côtés de Roquefort et Aire-sur-l’Adour, la dynamique s’est accélérée pour cette deuxième édition de XL impro Club. « Passer à trois établissements, c’est formidable, ça donne une vraie dimension de tournoi. Et comme les élèves vont de la 6^e à la 3^e, il y a toujours du renouveau, c’est un groupe vivant, en perpétuel mouvement », se réjouit la comédienne. Les jeunes, eux, n’ont qu’une envie : continuer l’impro dans cette ambiance unique et bienveillante qu’ils décrivent tous. 

De son côté, Nathan, encore sous le coup de l’émotion, peine à réaliser ce qui lui arrive : « je me rendrai compte ce soir en rentrant chez moi je crois ». Car pour lui, l’aventure ne fait que commencer. Le jeune garçon a été choisi pour représenter les Landes à Paris sur la scène du prestigieux Théâtre Marigny pour la grande finale nationale, les 16, 17 et 18 juin prochains. Devant 800 spectateurs, il portera les couleurs des Landes, intégré à une équipe composée de jeunes venus de toute la France. « Je suis très content, très honoré. Et puis ému aussi c’est vrai. Beaucoup de monde me fait confiance… », confie le jeune garçon avec une humilité désarmante. Quelle que soit l’issue, l’essentiel est sans doute déjà atteint pour le collégien : la joie d’avoir repoussé ses propres limites.