Patrimoine : des Landais mobilisés contre l'exil des Lizal

26/01/2022

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Amateurs d'art et de patrimoine, ils se sont unis pour tenter de conserver, en vain, des œuvres du peintre dacquois vendues aux enchères à Bordeaux. Mais l'espoir de les revoir un jour renaît.

Samedi 22 janvier, la vente aux enchères de la Maison Briscadieu à Bordeaux a fait exploser les compteurs de l'art régional. « Le plus marquant, c'est que le prix des œuvres en général a dépassé très largement le maximum des estimations, jusqu'à trois et quatre fois l'estimation haute. C'est très nouveau pour l'art landais et l'art régional aquitain », note Me Louis Cambriel, de la galerie Dom'Art à Dax, qui a assisté à la vente.

Parmi les 282 lots de cette nouvelle édition des « Peintures bordelaises » et du Sud-Ouest, l'Étang landais du « peintre d'Hossegor » Jean-Roger Sourgen (1883-1978), estimé entre 20 et 30 000 €, s'est ainsi arraché à 100 000 € (hors frais de vente de 23 %). Les trois tableaux de celui qui fut un temps son professeur, le Dacquois Alex Lizal (1878-1915), ont également atteint des sommets alors que la Mairie de Dax ne s'est pas positionnée sur la vente. 90 000 € adjugés pour L'Assemblade au Pays landais (estimé à 20-30 000 €), 71 000 € pour Le marché aux cruches à Dax (12-18 000 €) et 52 000 € pour Dans la Grande Lande (10-15 000 €).

Des Landais et le Département

Ces deux dernières toiles de l'artiste qui exposait alors avec succès dans des salons parisiens, avaient été achetés 500 francs au début des années 1900 par la Caisse d'Epargne, encouragée par le député-maire de Dax de l'époque, Théodore Denis, qui savait apprécier son talent, selon le spécialiste Jean-Roger Soubiran, auteur d'Alex Lizal, peintre singulier du Pays landais (Ed. Passiflore).

C'est bien ce qui chagrine nombre de Dacquois, parmi lesquels Roger Ducourau qui a décidé de mener le combat. « C'est un scandale que la Caisse d'Epargne n'ait pas traité directement avec la Ville d'une acquisition ou donation pour au moins un tableau en souvenir de l'artiste dacquois et de la relation forte entre les deux institutions au fil du temps », commente celui qui a organisé une collecte de fonds auprès d'amis et relations pour conserver ce patrimoine à Dax et l'exposer au public après des décennies confiné au premier étage de la banque. Avec ses 3,22 m de long, « L'Assemblade, c'est un peu l'ancêtre de l'Estanquet des fêtes de Dax », imagine l'ex-président de la Commission des fêtes populaires de la cité thermale.

Mais la jolie somme récoltée (vue comme un prêt-relais avant de lancer une souscription ou que la municipalité trouve le solde) n'a malheureusement pas suffi, même en y ajoutant le fonds important débloqué par le Conseil départemental des Landes.

Exposer ces œuvres au public

Bonne nouvelle, deux des tableaux au moins, L'Assemblade et Le marché aux cruches, ont finalement été acquis par des Landais, restés anonymes. « Il y a une chance pour qu'on les revoit d'une façon ou d'une autre, peut-être un jour dans une exposition temporaire », veut croire Louis Cambriel, cofondateur de l'association Kalos sur l'art urbain à Dax.

En rêvant à ce jour, M. Ducourau n'en démord pas, la Caisse d'Epargne qui a prévu d'abonder la somme à son Fonds de dotation pour la dépendance, l'exclusion et la préservation de l'environnement, « devrait faire un geste ». Avec 150 000€ de « super-bénéfices » par rapport aux estimations de la vente, le Grand-Maître fondateur de la fumante Confrérie des Gardiens des Eaux Chaudes de Dax, propose, l'air gascon, que la banque organise un hommage au peintre qui payait ses dettes en tableaux à la fin d'une courte vie marquée par la tuberculose et l'alcool. Il évoque aussi l'idée d'un « don important à la Ville de Dax pour la restauration du Musée de Borda à l'Hôtel Saint-Martin-d'Agès ». Enfin, pour récompenser la garde et la conservation pendant 100 ans des œuvres du peintre à l'étage de l'immeuble rue de la Halle, il appelle même à « une prime exceptionnelle pour le personnel de la Caisse d'Epargne de Dax »...

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