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Protection de l’enfance : l’Observatoire fait son retour

12/06/2025

89 vues

© Thibault Toulemonde | Dpt 40

Professionnels et institutions se sont réunis à Morcenx-la-Nouvelle pour la relance de l’Observatoire landais de la protection de l’enfance, avec un premier focus sur la prostitution des mineurs.

« Nous n’en ferons jamais assez pour les enfants ! », en ouvrant cette première journée de l’Observatoire landais de la protection de l’enfance (OLPE), ce vendredi 6 juin à Morcenx, Xavier Fortinon, président du Conseil départemental, a rappelé sa volonté d’en faire une priorité de son mandat. Ce premier rendez-vous a marqué le lancement de l’Observatoire, en sommeil depuis 2019 et réactivé en novembre dernier dans le cadre du Schéma départemental de l’enfance 2024-2028

Et ils étaient nombreux à avoir répondu présents : élus, professionnels de l’enfance, représentants de l’ARS, de la CAF, de la justice, de l’Éducation nationale et d’associations spécialisées. Une mobilisation forte à la hauteur du thème choisi : la prostitution des mineurs. Ce phénomène grandissant, souvent tabou, est encore difficilement quantifiable. Le plan national lancé en 2021 estime qu’entre 7 000 et 10 000 jeunes seraient concernés. Des chiffres complexes à affiner tant les victimes sont invisibles, souvent cachées derrière leurs écrans.

Discours de Xavier Fortinon © Thibault Toulemonde | Dpt 40

Les réseaux sociaux compliquent encore la détection et les mécanismes d’emprise sont difficiles à démanteler d’autant qu’ils touchent une diversité de profils : filles comme garçons, mineurs placés ou vivant en famille, issus de zones urbaines comme rurales. Une raison supplémentaire, pour l’OLPE, de s’emparer du sujet. « Un thème bouleversant et capital », a insisté Xavier Fortinon, appelant à « mieux comprendre, mieux repérer, mieux protéger, mieux accompagner et surtout prévenir » avant de conclure : « la prostitution des mineurs est une atteinte à la dignité de nos enfants. C’est un combat que nous pouvons mener ensemble, avec courage et détermination ».

Un outil pour apprendre et agir ensemble

Créé par la loi du 5 mars 2007, l’Observatoire landais de la protection de l’enfance a justement pour vocation de renforcer la concertation entre les partenaires du secteur. En réunissant acteurs sociaux, médicaux, éducatifs et judiciaires, il doit permettre de mieux comprendre les réalités vécues par les jeunes, de croiser les expertises et d’améliorer collectivement les pratiques et la prévention. 

Un engagement réaffirmé par Paul Carrère, vice-président du Département en charge de l’enfance : « ce qui nous importe ici, c’est de créer un espace où l’on peut dire : “oui, cela existe, cela se passe ici, et alors, que fait-on ?” Comment accompagne-t-on ces publics vulnérables ? Quelles réponses collectives mettons-nous en œuvre, politiquement, techniquement, économiquement, pour les protéger et les aider ? » Pour l’élu, cette journée ne se résume pas à un simple échange. Elle s’inscrit dans la dynamique de réflexion partagée du Département, à l’image des démarches déjà engagées dans d’autres domaines comme le grand âge ou le handicap. Une méthode fondée sur l’intelligence collective et la mobilisation de tous les acteurs de terrain.

Vue de l'assistance © Thibault Toulemonde | Dpt 40

Des clés pour comprendre

Dans cette optique, deux chercheuses invitées, Émilie Cole, docteure en sociologie et chargée d'étude à l'Observatoire national de la protection de l'enfance et Bénédicte Lavaud-Legendre, juriste et chercheuse au CNRS, ont posé les premiers jalons de ce travail collectif. S’appuyant sur leurs recherches, elles ont décrit les mécanismes pouvant mener un adolescent à la prostitution. Si les familles fragilisées restent les plus exposées, « tout le monde peut être concerné », ont-elles alerté, évoquant le rôle déclencheur d’une agression, d’un harcèlement à l’école ou d’un climat familial carencé. 

Leurs interventions ont permis d’esquisser des profils de victimes et de donner aux professionnels des outils concrets : signaux d’alerte, garde-fous et prévention. Pour Léa Deluret, directrice du foyer de l’enfance du Centre départemental de l’enfance et de la famille des Landes, cette journée a été essentielle : « cela permet déjà d’harmoniser nos niveaux de connaissances, notamment sur une thématique aussi sensible que celle de la prostitution ». Une question encore entourée de préjugés : « il existe parfois certaines idées reçues notamment que, parce que nous sommes dans un département rural, cela ne nous concerne pas. Or c’est faux : nous avons été confrontés à ce type de situations alors nous avons besoin de relais avec d’autres services ». 

Bénédicte Lavaud-Legendre © Thibault Toulemonde | Dpt 40

Venue avec trois de ses collègues – éducateur, psychologue et cadre – elle confie être là surtout dans un objectif d’informations : « l’idée, c’est de pouvoir partager sur le terrain les apports de la journée d’aujourd’hui. Je suis preneuse de ces rencontres régulières de l’OLPE, un moyen de sortir la tête de l’eau, venir se nourrir et échanger avec des collègues ». Ce qu’elle retient aussi, c’est la clarté d’un message entendu dans la matinée : « en dessous de 18 ans, la question du consentement ne se pose pas. C’est fondamental de le dire. Ce sont des représentations qu’il faut continuer à déconstruire. Les entendre balayées avec fermeté, ça fait du bien », insiste-t-elle. 

Un besoin de repère partagée par Éric Lahbib, directeur de l’ASAEL (Association de sauvegarde et d’action éducative des Landes), qui dit avoir ressenti « un sentiment de malaise » à l’écoute de cette réalité crue et violente « qu’on a du mal à voir ». Il pointe les difficultés rencontrées dans les établissements pour encadrer « la question de l'accès au droit à l'image, à travers l'accès au réseau, aux portables » des éléments pourtant souvent déclencheurs qui sont aussi « un moyen d'être en lien avec nous ».

La première journée de travail fut dense et éclairante, suscitant de nombreux questionnements. Le président Xavier Fortinon espère qu’elle posera « les bases d’une nouvelle avancée concrète au service des jeunes que nous devons protéger ». 
 

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