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À Arthous, les sédiments d’une œuvre

22/07/2022

948 vues

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© Caroline Ramond | Dpt 40

Durant 4 mois, l’église de l’abbaye accueille « Ichtus », l’installation ludique et onirique de Daniel Mestanza. 80 modules suspendus qui retracent le parcours créatif de l’artiste lorrain.

Serait-ce un rêve ? Une illusion d’optique causée par la chaleur ? Une myriade de poissons lumineux flotte à une dizaine de mètres de hauteur dans le vaste espace de l’église de l’abbaye d’Arthous : bancs de sardines, carpes, dorades, discus, barracudas, une raie manta, un poulpe et même une baleine bleue. Au son hypnotique d’une musique combinatoire – 8 modules sonores de même tonalité mais de durée différente, s’harmonisant pour créer une mélodie perpétuelle, sans cesse renouvelée -, les structures suspendues tournent sur elles-mêmes et bougent lentement leur queue, leurs nageoires ou leurs tentacules. Effet apaisant garanti.

 

« On peut parler de rétrospective », résume Daniel Mestanza à propos de l’exposition Ichtus (poisson, en grec ancien), présentée jusqu’au 16 octobre au musée départemental situé à Hastingues. Pour sa saison culturelle 2022, celui-ci met à l’honneur le mouvement, qui est précisément une des thématiques creusées par l’artiste lorrain au cours de ses 15 ans de carrière. La mise en scène des animaux est une autre constante dans l’œuvre de celui qui a fait sa formation aux Beaux-Arts d'Épinal : « ils sont chargés de symboles. Je ne cherche pas à en faire une étude anatomique. Le poisson, particulièrement, a quelque chose de très universel, tellement évident que ça parle à tout le monde. Autre raison : la simplicité du mouvement et son côté apaisant ».

Les premiers pas

À travers les éléments accrochés à la voute de l’église, ce sont les jalons d’un parcours artistique qui se donnent à voir. Après une dizaine d’années de travail dans le graphisme et le multimédia, Daniel Mestanza se tourne à la fin des années 90 vers des techniques traditionnelles, comme la peinture, la gravure, la sculpture, avec une préférence pour cette dernière : « quand  j’ai eu des enfants, je me suis mis à leur fabriquer des jouets et je suis revenu à un amour d’enfance : réaliser des choses qui bougent ».

© Caroline Ramond | Dpt 40

 

Après la fabrication d’une marionnette de Charles Aznavour et d’accessoires pour la compagnie du Zerep à Paris, la première grosse création arrive en 2007 : 23 costumes en carton symbolisant 23 pays européens pour une parade organisée par le Comité européen du tourisme à New-York. « C’était un terrain de jeu extraordinaire parce que j’avais carte blanche », se souvient le natif de Thionville qui, déjà, invente des mécanismes pour animer ses sculptures : « un des piliers de mon travail est de montrer la ficelle. Quand on voit un objet en carton, on fait tout de suite le lien avec ce qu’on voit dans la rue ».

Des structures légères et aériennes

Daniel Mestanza pose véritablement les fondements de son œuvre en 2011, avec 3 automates lumineux commandés par la Ville de Nancy pour le défilé de la Saint-Nicolas. Il utilise un plastique alvéolaire, « facile à découper et à façonner », qu’il recouvre de tissu. Ses sculptures, portées sur des chariots, sont  équipées de moteurs embarqués et éclairées de l’intérieur par des ampoules, comme des lampions : « tout est blanc pour laisser passer les effets de couleur. Cela donne des structures extrêmement légères ». Une marque de fabrique caractérisant encore, 11 ans plus tard, l’installation d’Arthous.

 

Deux ans plus tard, pour le Musée de l’image à Épinal, l’inventeur de rêves franchit un nouveau cap avec Flying Wings, un automate volant qui se déplace à la force de ses battements d’ailes.

Au gré des travaux suivants, le plasticien ajoute des éléments qu’on retrouve dans l’exposition d’Hastingues. Ainsi, la baleine qui navigue dans le transept de l’église apparait en 2014 dans la galerie Tem, près de Nancy, sous le nom de Sanctus Balaenam : « la dimension contemplative et onirique s’est affirmée à cette occasion ».

Les poissons surgissent en octobre 2017 pour la première version de l’exposition Ichtus, dans l’église des Trinitaires à Metz. L’idée de l’artiste lorrain est déjà de « faire cohabiter l’art contemporain et le patrimoine architectural en prenant en compte la fonction du lieu ». D’où le recours au poisson, symbole des premiers chrétiens. Un clin d’œil toutefois détaché de toute dimension religieuse dans l’esprit de Daniel Mestanza qui préfère « garder du lieu le côté méditatif, propice à la sérénité, au recueillement et à la contemplation. Cela crée une sorte d’écho ancestral, même si l’on ne sait pas très bien d’où il vient ».
 

© Daniel Mestanza

Une invitation au rêve

Le dispositif prend une ampleur extraordinaire pour la Saint-Nicolas 2018 à Nancy. Avec L’Arc’Quatique, le plasticien passe de 20 à 200 sculptures lumineuses, transformant l’Arc Herré, monument emblématique de la ville, en un endroit féérique : « cela m’a pris un an de travail. Pour optimiser la production, j’ai utilisé pour la première fois des machines à découpe numérique qui m’ont permis de gagner en précision ». 

Dernier élément du poétique puzzle exposé à Arthous, la pieuvre a été imaginée en 2018 pour le Muséum Aquarium de Nancy. Elle est constituée de 48 pièces mobiles et éclairée par 1 000 LED assignables. C’est une seconde version de ce prototype qui est visible dans l’abside de l’église, y diffusant parfois de manière aléatoire des couleurs et une ambiance discos.

© Caroline Ramond | Dpt 40

 

L’installation d’Ichtus au musée départemental d’Hastingues a nécessité deux jours et demi de montage. « Le plus difficile a été de composer avec les 12 mètres de hauteur de plafond », confie Daniel Mestanza, qui avait fabriqué les pré-câblages en amont. 

Depuis le lancement de l’exposition le 18 juin, l’alchimie entre art contemporain et patrimoine roman opère. En quelques semaines, près de 300 enfants, issus de 14 classes, se sont laissé envouter et, chez les adultes, le bouche-à-oreille est extrêmement prometteur. Le plasticien nancéen semble avoir atteint son objectif : « conduire les visiteurs au rêve à travers un processus d’immersion. Au début, c’est ludique, puis on se laisse prendre par un mécanisme d’hypnose. On se laisse porter et on s’abandonne à la contemplation ».
 

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