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14/02/2023
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Dans l’auditorium du casino de Capbreton, les 150 personnes présentes observent un silence complet, tendu. Sur l’écran géant, une jeune fille de 17 ans se confie à une psychologue de l’Adavem-JP 40. Il y a 3 ans, un éducateur de la structure sportive dans laquelle elle effectuait son stage de 3e lui a envoyé durant deux semaines des messages à connotation sexuelle. L’adolescente décrit la spirale du silence, l’impossibilité d’en parler aux adultes, les copines qui ne la prennent pas au sérieux, la « boule au ventre », les troubles du sommeil, la perte de poids : « j’ai mis 2 ans à le dire à ma mère, je n’avais jamais aussi bien caché un secret. Il y a une différence entre vouloir et pouvoir : je voulais parler mais je ne le pouvais pas ».
Propos racistes ou homophobes, agressions verbales et physiques commises par des supporters, des parents ou même par des joueurs : les comportements sexuellement déviants ne sont pas les seules manifestations d’une montée des violences dans le sport. Pierre Dufau, président de la Ligue de Nouvelle-Aquitaine de basket, pointe l’inflation des dossiers disciplinaires traités par son instance : 113 de septembre 2022 à janvier 2023 contre 61 pour la même période en 2021-2022. Philippe Crosnier, président du Comité départemental olympique et sportif des Landes (CDOS 40), résume le sentiment général : « ça se passe aussi dans les Landes, le nombre d’incivilités augmente considérablement. Nous ne pouvons plus fermer les yeux ».
Pour agir contre ce fléau, plusieurs structures se sont fédérées autour d’un projet commun : l’Accompagnement landais pour la lutte contre les violences et les incivilités dans le sport (ALLVIS). Le comité de pilotage réunit les services déconcentrés de l’État (DSDEN*, SDJES**), le CDOS 40, Profession Sport Landes (PSL), le Stade Montois Omnisports et le Conseil départemental des Landes. « Cette association de l’État, des collectivités et du monde associatif est absolument essentielle », souligne Cyrille Lefeuvre, directeur de cabinet à la Préfecture des Landes.
Après une première réunion d’information en septembre à Mont-de-Marsan, la soirée du 7 février à Capbreton marquait le lancement officiel du dispositif ALLVIS. Des actions concrètes ont été proposées à un parterre de dirigeants, éducateurs et bénévoles d’associations sportives landaises. Elles s’articulent autour de 5 objectifs, définis par Christian Boutoille, président de Profession Sport Landes : « informer, sensibiliser, former, orienter et accompagner ». Comme l’explique Henri Bedat, vice-président du Conseil départemental délégué au Sport, « pour libérer la parole des victimes, il faut créer l’environnement et former des gens pour accueillir leurs témoignages ».
Le CDOS 40 organise une série de rendez-vous thématiques, d’une durée de 2 heures, à destination des dirigeants, éducateurs, bénévoles et licenciés. Le but est de contribuer à diffuser une culture autour des notions d’incivilités en donnant quelques clés pour comprendre et détecter les comportements déviants ou violents. Pour Philippe Crosnier, il est important « d’informer le plus grand nombre en venant à la rencontre des clubs dans tout le département ». Les premières dates sont déjà connues : le 28 février à Saint-Jean-de-Marsacq, le 28 mars à Parentis-en-Born et le 4 avril à Mont-de-Marsan.
Le président du CDOS 40 espère que « ces rendez-vous pourront inciter leurs participants à suivre les vraies formations dispensées par Profession Sport Landes ». C’est en effet le deuxième étage de la fusée ALLVIS : une formation sur 3 jours intitulée « Prévenir et lutter contre les incivilités et les violences sexuelles ». Durant le 1er semestre 2023, elle sera réservée aux éducateurs sportifs salariés, mais Marie-Pierre Duhau, directrice de PSL, a bon espoir de l’ouvrir par la suite aux bénévoles. Précision non négligeable pour les comités et les clubs : ayant reçu la certification Qualiopi, cette formation sera financée par les fonds conventionnels de la branche sport via l’AFDAS. Trois sessions sont d’ores et déjà prévues à Saint-Paul-lès-Dax (3, 4 et 11 avril), Eyre-Moncube (13, 20 et 27 avril) et Rion-des-Landes (11, 22 et 23 mai).
Que l’on soit victime ou témoin de violences, il n’est pas forcément facile de savoir à qui s’adresser. Les structures partenaires d’ALLVIS ont créé un poste de chargée de mission dans le but de construire un réseau d’experts aptes à fournir l’accompagnement le plus adéquat en fonction des situations. « ALLVIS peut être une porte d’entrée pour le mouvement sportif afin de trouver le bon interlocuteur. Ce n’est pas un point de passage obligatoire mais sa vocation est de faciliter le parcours », précise Chloé Dedeban qui a pris ses fonctions en octobre 2022. La jeune femme tisse patiemment sa toile : l’Adavem-JP, le CIDFF, la Direction de la Solidarité du Département des Landes, le Défenseur des droits, l’association Colosse aux pieds d’argile se sont engagés à apporter leurs compétences.
À en juger par les réactions de l’assistance lors de la soirée de lancement du 7 février, ALLVIS vient à point nommé. « Les formations proposées sont indispensables parce qu’on n’est pas préparé à calmer le jeu si des situations de violences verbales ou physiques se présentent », juge Thomas Baris, éducateur au club de rugby de Mimizan.
De plus en plus souvent confrontées aux excès de joueurs ou de leurs parents, Gisèle Berniolles et Muriel Martins-Barros, membres du Tennis Club de Heugas, considèrent que la ligne jaune a été franchie : « ça va être compliqué de changer les mentalités, il faut se rendre compte que le chemin va être long ». Ce qui ne les empêche pas de saluer l’initiative landaise : « pour nos éducateurs et même pour nous en tant que dirigeants, cela peut aider à détecter des comportements inappropriés et à provoquer la libération de la parole ».
Les contacts utiles
Vous avez des questions ou besoin d’aide ? : contactallvisfr ou 05 58 05 57 20.
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