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Marielle Meynard : la faïence, une histoire de transmission

21/08/2025

41 vues

© C. Chambres | Dpt 40

Distinguée en janvier par la Médaille de bronze du tourisme, Marielle Meynard, la très active secrétaire du Comité de la faïencerie de Samadet, perpétue un patrimoine local et une passion familiale.

En juillet 1968, la petite Marie-Hélène (son prénom de baptême, « mais mes parents m’ont toujours appelée Marielle, je n’ai jamais su pourquoi ! ») a 10 ans. Elle fait partie de la soixantaine d’enfants qui interprètent en playback, dans les arènes de Samadet confortablement garnies, l’opérette Une faïence est née à Samadet en 1730, écrite et mise en musique par son père, le docteur Jean-Jacques Borredon. Presque tout le village est de la partie : l’orchestre de bal « Les compagnons du rythme » a fait les arrangements, la chorale locale a enregistré les voix tandis qu’artisans et couturières ont conçu décors, éclairages et costumes. Une mobilisation générale qui se répétera avec le même succès l’année suivante pour un second spectacle, Amours, danses et faïences

L'argile est versée dans un moule pour acquérir la forme souhaitée. Ici, c'est la technique de l'estampage, utilisant un moule en bosse © C. Chambres | Dpt 40

Faire revivre un patrimoine méconnu

Instigateur de cet audacieux projet artistique, le Comité de la faïencerie de Samadet, fondé en mars 1968, s’est donné pour objectif de créer un musée consacré aux productions de la Manufacture royale de Faïence, implantée dans ce bourg du Tursan de 1732 à 1838. Connues et appréciées des collectionneurs pour leurs décors riches et colorés, les faïences de Samadet sont dispersées chez des particuliers, parfois loin de leur lieu de fabrication. Le tout nouveau musée a donc aussi pour but de reconnecter le village à son histoire et à son patrimoine. Et les représentations servent à financer les premières acquisitions.

Ces spectacles, scintillants souvenirs d’enfance pour Marielle Meynard, la font entrer dans l’univers délicat de la faïence : « cela s’est fait naturellement, j’ai toujours baigné dedans ». Ses parents, Jean-Jacques et Thérèse Borredon, furent en effet parmi les chevilles ouvrières du Comité de la faïencerie qui s’évertue à restituer et à faire connaître les techniques de fabrication du XVIIIe siècle*. Le docteur et son épouse se partagent l’émaillage et la décoration des biscuits préalablement élaborés par les nombreux bénévoles. « Plus chercheurs que collectionneurs », les parents de Marielle organisent des exposés et des conférences et rédigent des ouvrages sur les Faïences de Samadet et du Sud-Ouest. Leur investissement leur vaudra en juillet 2002 de recevoir tous deux la médaille de Chevalier des Arts et des Lettres. « C’est très rare que cette décoration soit attribuée en même temps à deux époux », avait confié le préfet de l'époque à leur fille.

Après la première cuisson, on obtient des biscuits de faïence © C. Chambres | Dpt 40

Un peu comme Obélix, je suis tombée enfant dans une marmite mais celle-là était en faïence !

Citation de Marielle Meynard

Malgré une carrière professionnelle aussi prenante que brillante - elle fut notamment DRH d’une grande banque régionale -, Marielle Meynard n’est jamais restée trop longtemps éloignée de la faïence de Samadet : « vers 1990, j’ai commencé à peindre des décors, de mon propre chef, par goût. Je pense avoir hérité du côté artistique de mon père ». Les voyages, une passion partagée avec Alain, son premier époux malheureusement décédé jeune, et son conjoint actuel Michel Meynard, sont souvent l’occasion de découvrir d’autres centres faïenciers, tant en France (Nevers, Moustiers-Sainte-Marie, Sarreguemines…), qu’à l’étranger (Italie, Maroc, Turquie…).

Le biscuit de faïence est ensuite délicatement recouvert d'émail © C. Chambres | Dpt 40

Le plaisir de la transmission

En 1999, le Comité de la faïencerie de Samadet a fait don du Musée (bâtiment et collections) au Conseil général des Landes qui le transforme en un Musée départemental de la Faïence et des Arts de la table. Au sein de l’association, le passage de relais entre les générations se fait progressivement, en douceur. En 2009, Marielle Meynard en devient la secrétaire. En 2018, à la retraite, elle revient dans son village natal et s’investit encore davantage, notamment à travers l’animation, chaque deuxième dimanche du mois, des « Dimanche en faïence » dans l'atelier de l’association attenant au Musée : « cela nécessite pour chacun de la disponibilité et du temps. Du temps pour préparer à l’avance les moules, la terre, l’émail, du temps pour la démonstration et du temps pour ranger et nettoyer à la fin de la séance… et de la disponibilité pour être présent pour un groupe dans la semaine et le deuxième dimanche de chaque mois ».

Ces contraintes n’altèrent pas le plaisir de transmettre un savoir-faire artisanal inscrit dans l’histoire de son village : « j’explique le pourquoi et le comment d’une manufacture à Samadet en la replaçant dans le contexte historique, économique et sociologique des XVIIIe et XIXe siècles. J’adore le contact avec les gens, leurs questions, la reconnaissance de notre patrimoine par ces visiteurs venus de tous horizons ».

Marielle Meynard est la seule membre du Comité de la faïencerie à réaliser de la peinture à main levée pour la décoration des pièces © C. Chambres | Dpt 40

Ce dévouement a été récompensé en janvier dernier par la Médaille de bronze du tourisme. « Surprise et très fière » de cette distinction, la fille de Thérèse et Jean-Jacques Borredon (décédés en 2021 et 2022) tient à souligner qu’elle met à l’honneur un travail collectif depuis la création du Comité en 1968. Présidée depuis 2018 par Annie Darracq, l’association compte une quarantaine d’adhérents. « Chacun y trouve sa place : les actifs en fabriquant les moules, en modelant les faïences, en les lissant, en lançant une cuisson, en tenant la boutique et les plus âgés ou les plus éloignés en maintenant avec fidélité leur soutien », insiste Marielle Meynard. 

Attachée à cette association qui a accompagné sa vie, la Samadétoise envisage d’en écrire l’histoire pour le soixantième anniversaire en 2028.

 

* Étapes de la fabrication d’une faïence : l’argile souple est posée sur un moule en bosse (technique de l’estampage) et l’argile liquide est versée dans un moule en creux (coulage), selon la forme souhaitée. La pièce obtenue est appelée le cru. Après séchage, elle est cuite une première fois au four à 1 030 °C pour donner le biscuit de faïence, qui a la particularité d’être poreux. Il est donc plongé dans un bain d’émail pour le rendre étanche. Le décor est ensuite appliqué sur la pièce soit par une peinture à main levée soit par une peinture avec un poncif. La faïence émaillée et décorée subit ensuite une deuxième et dernière cuisson à 960-980 °C. 

Émaillées puis décorées, les faïences sont cuites une seconde fois © C. Chambres | Dpt 40

Bio express

1958 : naissance à Samadet

1968 : joue dans des opérettes pour financer la création du Musée de la faïencerie

2001 : mutation d’Aire-sur-l’Adour à Bordeaux pour devenir DRH d'une banque régionale

2009 : secrétaire générale du Comité de la faïencerie

2018 : retour à Samadet et développement des « Dimanche en faïence »

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