Trésors des musées landais #7 : « Les habitans des Landes »

Depuis son ouverture en 1970, l’écomusée de Marquèze constitue une collection ethnographique témoignant des modes de vie dans les Landes de Gascogne et principalement en Haute Lande, du XVIIIe siècle à nos jours. Si certains objets ont été acquis à l’occasion de ventes publiques ou privées, plus de 60 % d'entre eux proviennent de dons de la population constitués de meubles, de vêtements, de photographies, d’oeuvres d’art ou encore d’outils. Environ 40 000 objets sont conservés en réserves ou exposés, et depuis peu mis en ligne sur alienor.org.

Parmi ces collections, deux estampes de 1811 retiennent notre attention. Elles s'intitulent « Les habitans des Landes » d’Adrien Joly (1776-1839), inv. 1993.22.17

Ces deux estampes, acquises par l'Ecomusée en 1993 avec l’aide du Fonds Régional d’Acquisition pour les Musées, représentent deux personnages du vaudeville Les Habitans des Landes, de Sewrin (Charles-Augustin Bassompierre) joué pour la première fois le 21 octobre 1811 au Théâtre des Variétés de Paris, alors très fréquenté par la haute société.

Sewrin, auteur prolifique fait chevalier de la Légion d’honneur en 1827 pour l’ensemble de son œuvre, exploite dans ce vaudeville les idées reçues sur les habitants de la lande véhiculées par les voyageurs (écrivains, pèlerins, soldats se rendant en Espagne, etc.) avant le boisement systématique. Les costumes et certains décors démontrent également l’absence de souci d’authenticité ou de cohérence chez Sewrin. Les stéréotypes landais comme les échasses, les sables chauds si arides que le personnage de Tremblin croit être arrivé en Afrique, les constructions faites entièrement de paille, l’absence de route et de présence humaine, sont prétexte à une rocambolesque rencontre, entre Tartas et Saint-Sever, de Madame de Saint-Léon, sa domestique noire et le fils de Madame, un notable bordelais, accompagné de son valet Tremblin. Malgré les craintes de Tremblin découvrant ces paysages et leurs étranges habitants, l’aventure de ces voyageurs se termine gaiement en chants et en danse (sur échasses bien sûr).

Si la pièce connaît un certain succès public, la critique de l’époque ne retient essentiellement que la pauvreté de l’intrigue. Pour autant, Barbara T. Cooper, professeur émérite à l'Université du New Hampshire (USA) et spécialiste du théâtre français du XIXe siècle, y voit une dénonciation de la participation des notables français au commerce triangulaire et à la traite des noirs. Le personnage de Madame de Saint-Léon débarque en effet au début de la pièce à Bayonne, revenant d’un voyage à Saint-Domingue. La pièce souligne également la crainte injustifiée suscitée par le personnage de la domestique, d’ascendance africaine.

👀 Pour en savoir plus sur ces estampes :
> https://www.alienor.org/collections-des-musees/fiche-objet-234556-estampe-les-habitans-des-landes

📚Références bibliographiques :
> Bulletin de la Société de Borda, 1er trimestre 2018, Théâtre - Les Landes vues de Paris : l’exemple du vaudeville Les Habitants des Landes (1811), par Gonzague Espinosa-Dassonneville, p. 136-140
> Séliko, ou Le petit nègre suivi de Les habitants des Landes, accompagnés de documents inédits, Emile Vanderburch, Charles Sewrin, Barbara T. Cooper. L’Harmattan, 2018

🔎 Pour découvrir les autres collections de l'Ecomusée de Marquèze
> https://bit.ly/2zPMQ4o

🎥 Remonter l'histoire grâce aux Archives INA : Inauguration de l'Ecomusée de Marquèze, 29 juillet 1970
> bit.ly/2ZOEHYW

🧒 Pour les familles, l'Ecomusée propose des parcours numériques de visite, agrémentés de vidéos, témoignages sonores, recettes de cuisine et jeux.
> https://bit.ly/36dvN8h

🤗 La page Facebook de l' Écomusée de Marquèze regorge d'infos, d'actus, d'idées d'activités, de petits jeux sur ses collections à travers des rubriques comme "mystérieux objets" ou "balade [virtuelle] dans les réserves".