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Recruter un travailleur handicapé : un partenariat gagnant-gagnant

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Le service Mise à disposition de l'ESAT Les Jardins de Nonères participe à l’inclusion professionnelle et sociale des travailleurs en situation de handicap.

03/03/2022

© S. Zambon | Dpt 40
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Avec sa moto qu'il prend même par - 4°C l'hiver, Florian Ducournau est toujours parmi les premiers à arriver au dépôt le matin pour préparer les outils avant de partir sur les chantiers du coin. Depuis cet hiver, le jeune homme, autonome, travaille chez Despagnet à Saint-Martin d'Oney, toujours salarié de l'ESAT (établissement et service d'aide par le travail) mais mis à disposition chez le paysagiste. Après un poste « un peu trop à la chaîne » dans une pépinière où il s'ennuyait ferme, Florian a voulu s'orienter vers les espaces verts, un métier « plus physique et varié ». Ne trouvant pas d'entreprise d'accueil hors les murs, il retourne alors aux Jardins de Nonères pour de la tonte et de la taille de haies chez des particuliers.

C'est en passant un jour devant chez Despagnet que le responsable de suivi des stagiaires de la structure départementale basée à Mont-de-Marsan, Jean-Pierre Desquibes, voit un panneau de recrutement... «  L'ESAT nous a contactés, je ne savais pas que ça existait et j'ai trouvé la démarche très intéressante, surtout que ce n'est pas évident de trouver quelqu'un qui connaît déjà un peu le métier », confie Guillaume Despagnet, à la tête d'une entreprise de 20 salariés, entre conception de jardins et entretien général.

 

Suite à un stage obligatoire de 15 jours en novembre pour se jauger, Florian est désormais au travail 35 heures par semaine sur quatre jours : « c'est moins répétitif ici et ça change en fonction des saisons. On travaille en binôme, je fais de la taille de rosiers, des paillages, de la tonte, je passe le rotofil, on embellit parfois des massifs, on peut aussi faire des clôtures. Le contact avec les clients est sympa. Et avec les collègues, il y a aussi une bonne ambiance, on se dit les choses et si ça ne va pas, il y a toujours une solution », dit-il, en coupant les papyrus sur une terrasse pour les voir repousser plus beaux au printemps.

« Florian a envie de travailler, d'apprendre, de progresser dans le goût du travail bien fait. On est là aussi pour le faire avancer car ici, on cherche à soigner particulièrement la finition. La satisfaction client est la priorité », avance Céline Garbay, responsable du service entretien. Mis à disposition pour deux ans (parfois renouvelables), le jeune homme profite ainsi d’une immersion au long cours, propre à étoffer ses connaissances du métier.

On se donne un an et demi pour faire arriver Florian au niveau des salariés en place, qu'il monte en compétences et soit opérationnel à 100 %. Le but ? C'est bien l'embauche à la fin !

Citation de Guillaume Despagnet, paysagiste à Saint-Martin d'Oney

Florian Ducournau et Céline Garbay, de l'entreprise Despagnet © S. Zambon | Dpt 40

Conditions financières préférentielles et simplicité des procédures

En attendant, l'entreprise bénéficie de conditions financières avantageuses pendant la mise à disposition, liées notamment au temps de tutorat. Pour la suite, elle peut bénéficier à l’embauche des aides à l’emploi dont celles de l'Agefiph ou du Fiphfp

« C'est un sacré coup de pouce. Il n'y a pas de raison de ne pas essayer. Avec Florian, ça se passe très bien et c'est toujours satisfaisant de former quelqu'un à un métier qu'il aime et qu'on aime, et de l'inclure dans la vie active », poursuit le patron qui bénéficie d'un suivi sur mesure tout au long de la formation.

Chaque mois, Ophélie Petit Lagrue qui a récemment intégré le service Mise à disposition de l'ESAT Les Jardins de Nonères  comme référente socio-professionnelle, vient faire un point global en entreprise, avec Florian et son maître d'apprentissage, sur les nouvelles choses acquises ou les difficultés, dans la perspective de la future embauche. « On fait des points réguliers sur site ou par téléphone. S'il y a des soucis, on peut intervenir à tout moment, à la demande de l'entreprise ou du travailleur », explique-t-elle.

Florian Ducournau © S. Zambon | Dpt 40

 

« Dès le départ, l'objectif est une sortie vers l’emploi en milieu ordinaire », précise Delphine Cazenave, éducatrice spécialisée depuis des années à l'ESAT « hors les murs » qui compte 31 places ETP (équivalent temps plein) dédiées à des travailleurs en situation de handicap souffrant de déficience mentale légère à moyenne, de troubles cognitifs, de troubles de la personnalité stabilisée, de handicap psychique ou de troubles de la sphère autistique (TSA). 

Créée par le Conseil départemental des Landes en 1990 pour innover dans le domaine du handicap, la structure d'abord connue sous le nom de SATAS (Service d'aide par le travail et l'accompagnement social), était rattachée au Centre départemental de l'enfance, et a, depuis 2020, fusionné avec l'ESAT Les Jardins de Nonères.

Au sein de l'équipe pluridisciplinaire (chef de service, médecin psychiatre...), trois travailleuses sociales, dont une assistance sociale, quadrillent aujourd'hui le Département, de Tarnos à Sabres en passant par Mimizan ou Gabarret, afin d'assurer le suivi de ces travailleurs de tous âges, orientés par la Maison landaise des personnes handicapées (MLPH), des partenaires type IME (Institut médico-éducatif) et ITEP (Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique), l’EREA (Établissement régional d’enseignement adapté) de Saint-Pierre-du-Mont, d’autres ESAT, ou encore Cap Emploi, Pôle Emploi et la Mission Locale.

Delphine Cazenave explique le parcours des personnes mises à disposition des entreprises :

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« Il arrive que certains travailleurs préfèrent repartir en ESAT protégé pour moins de pression qu'en entreprise. Mais nous donnons la chance à chacun d'être candidat et de s'essayer par leur propre expérience et leur propre vécu », fait valoir Véronique Le Goff, cadre socio-éducatif.

Certains sont capables de faire des démarches seuls, d'aller déposer leur CV, d'autres non. Aussi des formations individuelles ou en collectif sont proposées par l'ESAT en dehors du temps de travail, notamment sur la citoyenneté, sur la santé ou d'autres thématiques nécessaires à la vie en autonomie. « Nous les accompagnons également dans la prise de contact avec les entreprises, à qui nous présentons le service dans sa globalité. Nous travaillons aussi ensemble sur la fiche de poste, sur des tâches ciblées, car la personne est au départ sur un poste de soutien, d'aide. Au fur et à mesure, elle va monter en compétences pour acquérir les connaissances du métier recherché ».
 

Antoine Laborie travaille aux cuisines de de la clinique Maylis à Narrosse © S. Zambon | Dpt 40

Boucher en grande surface, jardinier, vendeur en bricolage

Sur les 15 travailleurs suivis par Delphine Cazenave, 5 ont été embauchés ces derniers mois à la fin de leur mise à disposition. L'un est aujourd'hui vendeur dans un magasin de bricolage, un autre boucher en grande surface, et un troisième, jardinier.

Gérante de la société Gonelle à Rivière-Saas-et-Gourby, Ikram Moreno vient justement d'embaucher en CDI Lilian, un jeune arrivé à 16 ans dans son entreprise de paysagiste. « J'ai vu rapidement son potentiel, il se sentait bien, il fallait bien le suivre. La mise à disposition a duré 4 ans, c'était rassurant pour lui comme pour nous de faire par étape. Il a beaucoup évolué dans le bon sens, et au final c'est du gagnant-gagnant, c'est un investissement mutuel ». Convaincue que « l'insertion passe par le travail », Mme Moreno aimerait mettre en place des groupes d'entrepreneurs pour parler du sujet : « les petites entreprises croient que c'est compliqué administrativement parlant, mais l'Esat s'occupe de tout. C'est simple, il ne faut pas se freiner ».
 

À la recherche de nouvelles entreprises partenaires

La structure départementale est d'ailleurs toujours à la recherche de nouvelles entreprises, associations ou collectivités partenaires en fonction des projets de chacun, et dans tous les domaines. Après son titre pro au CFA de Dax et quelques stages en restauration, Antoine Laborie, 24 ans, rêvait de trouver un emploi stable en cuisine. Atteint d'épilepsie, « c'était compliqué. J'étais un peu perdu dans mes recherches, et ma mère est tombée sur l'Esat par hasard ». Le jeune commence à l'ESAT Sud Adour Multiservices de l’ADAPEI à Saint-Paul-lès-Dax avant d'être orienté sur l'ESAT « hors les murs ». 

Antoine Laborie © S. Zambon | Dpt 40

 

Voilà deux ans qu'il est au poste froid dans les cuisines de la clinique Maylis à Narrosse, en espérant y être embauché dans quelque temps. « J'apprends à tailler les légumes, les fruits, j'utilise les robots-coupe, j'aime beaucoup dresser les desserts aussi. Je suis là pour réaliser les petites tâches qui soulagent l'équipe, ça aide tout le monde », dit-il, en lavant les endives : « on va les faire braiser au miel pour samedi ! ».

Depuis qu'Antoine est passé à 24h au lieu des 35 hebdomadaires, il n'a pas refait de crise d'épilepsie : « ça m'est arrivé à la maison quand j'avais trop de stress ou que j'étais surmené au travail ». Le nouveau chef de cuisine Bruno Bourbia, a appris à repérer des signes d'alerte : « parfois je sens qu'il est absent. Alors on fait redescendre la pression, tranquillement, en lui disant qu'on a besoin de lui et on le restimule ».

« C'est quelqu'un de très volontaire qui s'investit énormément et qui aime travailler », note aussi Edwige Dupel Etchart. La cuisinière qui le suit depuis le début, apprécie de « voir les choses autrement, de prendre plus de temps que d'ordinaire pour lui apprendre les bons gestes. On se fait tous du bien ». Et comme partout ailleurs en cuisine, « on travaille dur. Mais ça chambre, on se taquine, on plaisante, relève le chef. On aime tous notre métier. Le partager et le transmettre ainsi, c'est gratifiant ».
 

Plus d'infos

Pôle Adulte Départemental - Les Jardins de Nonères
Service Mise à Disposition : 67 avenue du 34e RI - Mont-de-Marsan
Tél : 05 58 46 61 90 
Consultez la brochure.
 

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