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Feux de forêt : des moyens aériens plus proches du massif des Landes de Gascogne

13/06/2023

705 vues

© SDIS 40

Lundi 12 juin, les annonces de la préfète des Landes sur les moyens consacrés cet été à la lutte contre les incendies montrent une prise en compte des remarques des Départements concernés.

Dans la mémoire collective, l’été 2022 restera comme une saison de fournaise avec 72 000 hectares brulés en France, dont 30 000 dans le seul massif des Landes de Gascogne. Les Landes ont été relativement épargnées, avec 391 feux de végétation détruisant 1 353 hectares. Mais la solidarité avec leurs collègues girondins lors des incendies géants de Landiras et de La Teste-de-Buch a entrainé pour les pompiers landais une hausse de 40 % de leur temps de mobilisation sur le terrain par rapport à 2021. Autant dire que l’intervention de Françoise Tahéri, préfète des Landes, en amont de la saison des feux 2023 était particulièrement scrutée.

Des bombardiers basés en Nouvelle-Aquitaine

L’État semble avoir pris la mesure de la menace pesant sur la forêt des Landes de Gascogne en pré-positionnant pour la première fois des moyens aériens de la sécurité civile à proximité du massif. Dès le 1er juillet, 1 DASH et 4 avions bombardiers de type Air Tractor seront installés à Bordeaux. Un hélicoptère bombardier d’eau (HBE) est stationné à Jonzac (Charente-Maritime) depuis le 1er juin. Pour ravitailler ces bombardiers en eau ou en produit retardant, deux pélicandromes sont prévus, l’un fixe à Bordeaux-Mérignac et l’autre, mobile, à Pau puis à Mont-de-Marsan sur la BA118 à partir du 1er août. 

Un DASH en action lors des incendies de l'été dernier © SDIS 40

 

La base militaire de la préfecture des Landes accueillera également durant tout l’été un détachement d’intervention retardant (DIR) composé de 55 sapeurs-sauveteurs habituellement basés à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir). Cette unité, dotée d’engins de travaux lourds et capable d’employer de l’additif retardant terrestre, pourrait s’avérer un appui précieux pour le Service départemental d’incendie et de secours des Landes (SDIS 40). 

Réclamant « depuis fort longtemps » avec ses collègues de Gironde et du Lot-et-Garonne le pré-positionnement des moyens aériens dans la région, Xavier Fortinon, président du Département des Landes, se félicitait d’avoir été enfin entendu : « lorsque les feux sont naissants, les premiers instants sont cruciaux. Pour avoir une rapidité d’exécution, il faut une proximité ».

Ces annonces vont dans le bon sens. Localement, on peut préparer avec un peu plus de confiance la saison.

Citation de Xavier Fortinon, président du Conseil départemental des Landes

Xavier Fortinon durant la conférence de presse à la préfecture des Landes le 12 juin 2023 © C. Chambres | Dpt 40

Le choix historique du maillage territorial

Françoise Tahéri a également annoncé que l’État financerait 50 % du Pacte capacitaire, un effort financier chiffré à 12 M€ sur 4 ans visant à renforcer les moyens matériels du SDIS 40, notamment via l’acquisition de 24 camions citernes feux de forêt (CCF). 

Parallèlement, le SDIS des Landes poursuit la mise en œuvre de son projet d’établissement courant jusqu’en 2027 qui a vu les effectifs de sapeurs-pompiers professionnels passer de 272 en 2018 à 304 en 2023. « Chaque année, nous faisons des ajustements dans nos centres. En 2023, nous renforçons le pôle de Labouheyre et Sabres avec 11 personnes prêtes à intervenir à tout moment et nous augmentons les effectifs de garde à Mont-de-Marsan », indique le colonel Éric Duverger, directeur du SDIS 40. Xavier Fortinon revendique ce choix historique du Département des Landes de mettre de nombreuses casernes dans le massif forestier : « ce maillage est indispensable pour pouvoir projeter très rapidement des moyens terrestres ».

Le colonel Éric Duverger, directeur du SDIS 40, sur le terrain avec ses équipes en juillet 2022. © SDIS 40

L’importance de la prévention

Le colonel Duverger a salué le travail de la DFCI (Défense des forêts contre l’incendie) qui entretient pistes, fossés et points d’eau pour faciliter les interventions des pompiers. Avec l’aide des crédits alloués par le ministère de l’Agriculture, l’Union européenne et la Région, environ 1,5 M€ de travaux est envisagé en 2023, incluant notamment la mise à disposition de 25 nouveaux points d’eau. 

90 % des feux sont d’origine humaine et 80 % se déclenchent à moins de 50 mètres des habitations. « La forêt, nous devons collectivement la protéger » a martelé la préfète des Landes en rappelant que seulement 30 % des Obligations légales de débroussaillement (OLD) sont effectivement réalisées : « chacun de nos administrés, communes et propriétaires, doit prendre sa part ». Ces actions de prévention (couper arbustes morts et branches sèches, élaguer les arbres près des constructions, nettoyer gouttières et toits, etc.) sont insuffisamment respectées parce que les amendes, relevant de la police municipale, sont rarement appliquées. « Nous assumerons nos responsabilités », a assuré Hervé Bouyrie, président de l’AML (Association des maires et présidents de communautés des Landes). 

Dans le même ordre d’idées, certaines communes, comme Rion-des-Landes et bientôt Moliets-et-Maâ, se sont dotées d’une réserve communale, composée de citoyens bénévoles mobilisables en cas de crise.

Un aménagement de la DFCI Aquitaine dans la commune de Solférino © DFCI Aquitaine

Un règlement interdépartemental à adapter

Au début de la conférence de presse organisée à la préfecture, a été signée par l’État, le SDIS 40, l’AML, la DFCI et la Chambre d’agriculture une convention sur l’utilisation des forages agricoles et des réseaux d’irrigation pour la lutte contre les incendies. Cela permettra de densifier encore le réseau de points d’eau. « L’idée est de formaliser et de généraliser ce qui se faisait sur le terrain », a expliqué le colonel Duverger, en référence aux nombreux élans de solidarité des agriculteurs landais lors de l’été dernier.

Arrêté en 2016, le règlement interdépartemental de protection de la forêt contre les incendies en Gironde, Landes et Lot-et-Garonne devrait évoluer. Le rallongement des périodes aux niveaux de vigilance élevée impacte en effet les activités en forêt, notamment celles des professionnels de la filière bois. Françoise Tahéri a promis des annonces spécifiques pour fin juin, début juillet « avec cette ligne directrice : plus les activités sont encadrées par des professionnels et plus elles pourront être effectuées pendant les périodes de vigilance ». 
 

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